Relations tragiques envers ma vraie famille

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Antonieta (Venezuela, 28 avril 2004)


En entrant dans l’Œuvre, j’ai détruit ma famille. Le jour où je suis partie vivre dans un centre, ma mère pleurait tellement qu’elle ne pouvait sortir de son lit. Je n’avais jamais vu mon père aussi triste. Il m’a serrée contre lui : « Si un jour, tu veux revenir, je serai toujours là pour toi et tu seras toujours ici chez toi. » Mes sœurs pensaient que j’avais perdu la tête.

Chaque fois qu’un événement important survenait dans ma famille, mille excuses m’interdisaient d’y assister. Aujourd’hui, je le vois clairement… Ma famille était totalement opposée à ma vocation, il était dangereux que je sois confrontée à leurs contradictions. L’Œuvre avançait toujours les mêmes raisons : « Une femme mariée et avec des enfants, n’a plus de temps pour ses parents. » Je ne comprenais pas ces arguments, car du temps j’en avais, en tout cas sûrement pour ma famille ! Et mes sœurs qui, elles, étaient vraiment mariées, avaient toujours le temps de voir mes parents. Moi, je ne les voyais jamais.

Une de mes sœurs allait épouser un homme divorcé. Scandale pour l’Opus Dei ! Quand je voulus assister à son mariage, ce fut une véritable tragédie. Je me suis tuée à tenter de convaincre mes directrices que ma présence était indispensable. Je leur disais que plus je m’éloignerais de ma famille, plus celle-ci s’opposerait à l’Opus Dei et plus elle serait convaincue que l’Œuvre ne fait qu’éloigner et séparer les enfants de leurs parents. Mais elles s’obstinaient à me dire que je devais avant tout protéger ma vocation, fragile comme une petite flamme vacillante et que, lorsque je serais plus forte, je pourrais voir et affronter ma famille. Pendant des années, j’en ai tellement souffert.

Pourquoi tant de sacrifices, de privations quand on vit « au milieu du monde » ?

Ce sont les exigences de la vocation.

Quelle vocation ?

Je résidais au centre de Maracaibo, la ville la plus éloignée de Caracas où vivait ma famille. Je me souviens qu’en septembre 1986, j’étais de passage à Caracas. Évidemment, je devais loger dans le centre le plus éloigné du centre-ville où vivaient les miens. Mon père prenait de l’âge, il n’était pas en très bonne santé. C’était son anniversaire et je m’étais organisée pour passer au moins un moment avec ma famille. Les Directrices m’en ont empêchée !

Deux mois plus tard, j’apprenais que mon père allait être opéré d’un grave ulcère. Il fumait énormément. Mon beau-frère, médecin, nous avait prévenus : l’opération était aussi risquée que nécessaire. Évidemment, je tenais absolument à être là. Comme d’habitude, il n’en était pas question. Je réussis à inventer un prétexte professionnel pour me rendre à Caracas. Mon père entra un jeudi à la clinique, on l’opéra le vendredi, il mourut le samedi matin. Grâce à Dieu, j’ai pu vivre avec lui chacun de ces derniers instants. Aujourd’hui, mon plus grand chagrin est de ne pas avoir été là pour son dernier anniversaire, ce qu’on m’avait formellement refusé, sans aucune raison.

En août 2004, dix ans se seront écoulés depuis ma sortie de l’Opus Dei. Ceci est mon premier témoignage, j’espère qu’il pourra être utile à quelqu’un.