Les dérives de l'apostolat

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Par Bruno Devos, paru dans La face cachée de l'Opus Dei en 2009.


Quand on cherche à s’informer sur l’Opus Dei à travers son site officiel, les articles sur l’aide aux nécessiteux, aux immigrants ou au tiers-monde sont bien en évidence. On pourrait en conclure que l’Œuvre se consacre essentiellement aux personnes en détresse. Est-ce la réalité ?

Observons de plus près le point 131 du Catéchisme de l’Œuvre pour évaluer la place réservée à la charité :

Quelles vertus doivent pratiquer les fidèles de l’Opus Dei ?
Les fidèles de l’Opus Dei doivent pratiquer toutes les vertus théologales et cardinales, imprégnées d’un profond sentiment de filiation divine.
Ils doivent vivre en particulier la charité, l’humilité personnelle et collective, le sens du travail, l’obéissance et la docilité, la simplicité, le naturel, la sincérité, la loyauté, la chasteté, l’ordre, le détachement des biens de ce monde, la pauvreté, la sobriété, l’optimisme, la joie, la fermeté, la noblesse et le courage.

Parmi les vertus citées par le fondateur, l’accent est porté sur :

  • Les vertus qui soumettent l’individu : l’humilité personnelle et collective, l’obéissance et la docilité, la simplicité, la franchise, la loyauté.
  • Les vertus qui soumettent le corps : la chasteté, l’ordre, le détachement, la pauvreté, la sobriété, la fermeté.
  • Les vertus utiles à l’apostolat : le naturel, l’optimisme, la joie, la noblesse, le courage.

Le point suivant du Catéchisme explique avec clarté ce qu’est la charité :

Pourquoi les fidèles de l’Opus Dei doivent-ils pratiquer de manière spéciale la charité ?
Comme tous les chrétiens, les fidèles de l’Opus Dei doivent pratiquer de manière spéciale la charité, parce qu’elle est l’essence même de la sainteté.
Précisément, la vertu de la charité – aimer Dieu par-dessus tout et aimer toutes les âmes par amour pour Dieu – pousse les fidèles de l’Opus Dei à rechercher Dieu dans toute relation, dans leur travail et dans les petits et grands événements de chaque jour, en les transformant en occasion et moyen de sanctification et d’apostolat.

Pour l’Opus Dei, être charitable avec quelqu’un, ce n’est pas de l’aimer et l’accepter tel qu’il est, ce n’est pas de l’aider à grandir en accord avec ses propres objectifs, ce n’est pas pourvoir à ses besoins matériels. C’est vouloir le rap-pro-cher de Dieu. Le point suivant du Catéchisme est encore plus clair :

Quelles caractéristiques spéciales doit avoir la charité des fidèles de l’Opus Dei ?
La charité des fidèles de l’Opus Dei doit les pousser à profiter de toutes les occasions pour approcher les âmes de Dieu.
C’est pourquoi la première manifestation de cette charité, doit être l’apostolat de la prière, de l’exemple, d’une amitié loyale et sincère, accompagnée d’une phrase ou d’un conseil opportun.

La charité a un but. Nous sommes bien loin de l’encyclique de Benoît XVI :

La parabole du bon Samaritain nous enseigne que la charité chrétienne est avant tout et tout simplement une réponse à un besoin immédiat, dans une situation donnée : rassasier ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus, soigner les malades afin qu’ils guérissent, visiter les prisonniers, etc. [...]
De plus, la charité ne doit pas être un moyen au service de ce que l’on appelle aujourd’hui le prosélytisme. L’amour se donne gratuitement. On ne s’en sert pas pour parvenir à des fins[1].

On rechercherait vainement dans le Catéchisme de l’Œuvre une quelconque « aide désintéressée envers son prochain ».

L’esprit de l’Opus Dei est-il encore chrétien ?


Convaincus par le fondateur que « la plus grande grâce qu’un être puisse recevoir après celle du baptême, est la grâce de la vocation à l’Œuvre », les responsables de l’Œuvre restent persuadés que la manière la plus efficace de christianiser le monde consiste à augmenter le nombre de vocations à l’Opus Dei, spécialement celles des numéraires. Pour eux, il ne s’agit pas de prosélytisme mais bien d’offrir à chacun le salut individuel qui contribuera au salut du monde. La conquête de nouveaux membres précède l’avènement du Royaume du Christ sur la Terre.




  1. Benoît XVI, Deus caritas est, 25 décembre 2005.


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