Que personne ne touche a mes enfants... même l'Opus Dei!

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Dolores Castaños (7 janvier 2009)


Lorsque je décidais de quitter l’Opus Dei, après y avoir passé treize années, on me dit que je ne serais jamais heureuse et que je serais damnée. Mes parents m’accueillirent – ou plutôt ce qu’il restait de moi – à bras ouverts. Trois mois plus tard, toute trace de dépression avait disparu.

Et voilà que l’autre jour, m’apprêtant à lire le journal sur Internet, j’ouvris le mail d’une amie. Nous nous étions perdues de vue durant une quinzaine d’années et reprenions contact. Elle se disait désolée d’apprendre que mon deuxième fils était atteint d’autisme. Elle l’avait appris par des directrices de l’Opus Dei qui présentaient ce fait comme l’une des « disgrâces » dont souffrent ceux qui abandonnent l’organisation !

Autrement dit, l’une de ses directrices de l’Opus Dei que je ne connais pas – et quand bien même – se servait de mon fils comme d’une menace ! Ils utilisaient le nom et la vie de mon fils pour manipuler les consciences de ceux qui voulaient partir, l’opus considérant la maladie de mon fils comme un malheur qui se serait abattu sur moi parce que j’avais quitté la secte !

Évoquer le handicap de mon enfant est une grave atteinte au respect de l’intimité des personnes et dans le contexte idéologique de l’Opus Dei, une diffamation grave et gratuite, une véritable calomnie. De mon côté, depuis que j’ai quitté l’Opus Dei, je n’ai jamais divulgué aucune information qui puisse nuire à l’image de ce que je considérais comme une institution digne de l’Église catholique. Lorsque j’avais publié quelques souvenirs de ma vie dans l’organisation, je m’étais bien gardée de ne citer aucun nom, par respect pour les personnes. Et elles se permettaient de commenter haut et fort des détails sur la vie de mes enfants, avec noms et prénoms à l’appui. Mes enfants mineurs !

Mais il est aussi très intéressant de s’arrêter quelques instants sur la vision que l’opus a des enfants qui ne sont pas « parfaits ». Si cette directrice considère que le fait d’avoir un fils autiste est un châtiment, elle ne fait que suivre la pensée de son « Père ».

En effet, l’actuel prélat déclarait en 1997 devant des milliers de Siciliens : « Un sondage affirme que 90 % des enfants handicapés sont nés de parents qui ne sont pas arrivés purs au mariage » (Javier Echeverria, Sicile, 1997). Imaginons la colère d’une foule de Siciliens devant une affirmation aussi discriminatoire, primitive et remplie de préjugés. L’office de presse de l’opus s’empressa de déclarer que le prélat avait commis une erreur de langage car il maîtrisait mal l’Italien (il vit à Rome depuis plus de quarante-cinq ans…). C’était tellement absurde que quelques jours plus tard, ils déclarèrent qu’en fait le prélat « avait voulu parler des enfants qui naissent avec le sida ». Ils s’embourbaient de plus en plus au fil de leurs déclarations. Mais l’inculture du prélat ne mérite pas qu’on s’y attarde davantage.

Je préfère ce passage de l’Évangile : « Jésus vit en passant un aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent : “Qui de lui ou de ses parents a péché pour qu’il naisse aveugle ?” Jésus répondit : “Ni lui, ni ses parents. C’est pour que se manifestent en lui les œuvres de Dieu.” (Jn 9, 1- 41).

À tous les directeurs de l’Opus Dei qui liront peut-être un jour ces lignes, sachez que mon fils n’est pas un désastre pour moi, mais une des plus belles choses qui me soient arrivées « pour que se manifestent en lui les œuvres de Dieu ».