Opus Dei: Opération séduction

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Par Christian Terras, 2.10.2008

Source: golias-editions.fr


A l’occasion des 80 ans de la fondation de l’Opus Dei, le 2 octobre 1928, ses responsables lancent une opération « portes ouvertes » dans leurs centres installés dans l’Hexagone ainsi que la célébration de plusieurs messe avec notamment la présence des cardinaux Barbarin (Lyon) et Ricard (Bordeaux). Une véritable stratégie de communication entreprise depuis la sortie du film Da Vinci Code dans lequel la réputation de l’Opus Dei est mise à mal. Depuis, les dirigeants de l’Opus Dei font feu de tout bois pour gommer cette image écornée au travers d’une démarche qui relève plus d’une politique de séduction que d’une véritable volonté de transparence quant aux importants problèmes posés par cette Eglise dans l’Eglise.


Après son érection canonique par Jean Paul II comme prélature personnelle du Pape en 1983, la béatification en 1992, puis la canonisation de son fondateur, José Escriva de Balaguer le 6 octobre 2002, force est de constater que, malgré les critiques sévères et les polémique récurrentes concernant les pratiques de l’Opus Dei, cette dernière est aujourd’hui non seulement légitimée par la hiérarchie catholique mais inscrite au cœur du gouvernement central du Vatican. A tel enseigne que l’archevêque de Toulouse Mgr Le Gall vient de leur offrir une paroisse en plein centre de la ville rose. Une première en France ! Jusque là l’Opus Dei restait confiné dans ses centres. D’autres pays s’apprêtent à faire de même. L’occasion pour Golias qui étudie l’Opus Dei depuis plus de vingt ans de faire sa « porte ouverte » sur cette institution aux dérives inquiétantes.

L’Opus Dei est un mouvement de laïcs chrétiens créé par José maria Escrivá de Balaguer, dont la personnalité resté très discutée. L’Opus Dei est réputée pour son secret, ce qui ne fait que renforcer l’idée selon laquelle elle constituerait une puissance occulte cherchant à s’infiltrer dans l’Eglise et la société civile. Tout cela est-il vrai ou seulement le fruit de fantasmes ?

Les dérives franquistes de l’Opus Dei sont à rappeler, pour mémoire, mais ne doivent pas cacher les dangers actuels que représente cette Église dans l’Église. Et rien de mieux pour les découvrir que de lire un des premiers ouvrages de Josémaria Escrivá parus en 1934, et qui, depuis, a été tiré à des millions d’exemplaires : Chemin, Camino en espagnol. Ce petit livre est composé, par chapitre, de tout petits paragraphes, assez courts et numérotés, qui permettent de s’y retrouver facilement. En voici certains qui vont permettre de découvrir quelques aspects de la stratégie de domination du fondateur de l’Œuvre.

Exaltation de l’ego et mépris du « peuple »
Ne vole pas comme un oiseau de basse-cour quand tu peux voler comme un aigle (8). Te laisser aller ?Toi ?... ferais-tu partie du troupeau ?Alors que tu es né pour commander ! (...) (16). Le mariage est pour la troupe et non pour l’état-major du Christ... (28) Critiquer, détruire, ce n’est pas difficile : le dernier des manœuvres sait planter sa pioche dans la noble et belle pierre d’une cathédrale. – Construire, voilà l’œuvre qui requiert des maîtres (456). C’est inspiré de l’Évangile, ça ?
Avec une soumission totale au pouvoir des clercs
Directeur. – II t’en faut un. – Pour te donner, t’abandonner..., en obéissant... (62). C’est ça la sanctification par « la vie quotidienne » ? Merci beaucoup ! Quand un laïc s’érige en maître de morale, il se trompe fréquemment : les laïcs ne peuvent être que disciples (6 I ). Et l’on prétend que l’Opus Dei favorise la promotion du laïcat dans Église ?
Sectarisme
Transiger est le signe certain qu’on ne possède pas la vérité. – Celui qui transige en matière d’idéal, d’honneur ou de foi est un homme... sans idéal, sans honneur, sans foi (394). Est-ce avec une autre logique que l’on fait les bons petits talibans ? Avance masquée : Sois intransigeant sur la doctrine et sur la conduite – Mais souple dans la forme – Main de fer dans un gant de velours (397). Pour le pouvoir des prêtres : Ne médis jamais de ton frère, même si tu n’en as que trop de motifs –Approche-toi d’abord du tabernacle, puis vois le prêtre, ton père, et confie-lui ta peine, à lui aussi – Et à nul autre (444). Pouvoir clérical énorme construit sur les ragots entrecroisés, la délation universelle et... le secret. Plus proche des méthodes de la Stasi que de l’enseignement de l’Évangile (voir par exemple Matthieu 5, 23 « si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi... ».
Aliénation dans la démission
Si l’obéissance ne te donne pas la paix, c’est que tu es un orgueilleux (620). Fais ce que je dis, pas ce que je fais : Honneurs, distinctions, titres..., bulles d’air, bouffées d’orgueil, mensonges, néant (677).


Et l’homme né en 1902 d’un modeste commerçant en tissus, s’appelait au départ José Maria Escribà, tout simplement. Mais fasciné par les titres de noblesse et le monde aristocratique, au fil des années, il a enrichi son nom, pour finir en 1968 : Josemaria Escrivà de Balaguer y Albas, marquis de Peralta. Si le ridicule tuait, on aurait encore pu gagner quelques années sur la canonisation. Comment un homme normal peut-il, sans schizophrénie, enseigner exactement le contraire de ce qu’il pratique ?

Ceux de nos lecteurs qui voudraient en savoir plus peuvent se plonger dans ce livre. Mais sans vouloir jouer au directeur de conscience opusien, il nous paraît souhaitable de recommander, ensuite, la lecture de quelques passages d’Évangile, par exemple, le chapitre des Béatitudes (Matthieu ch. 5).

Quant aux gens de l’Opus Dei, ils sont parfaitement dressés pour rester hors de toute atteinte : Ne perds ni ton énergie ni ton temps, qui sont à Dieu, à jeter des pierres aux chiens qui aboient sur ton chemin. Méprise-les (14).

On l’aura compris, la stratégie opusienne est enfermante
le membre laïc de l’Opus Dei se construit par l’exaltation de son moi et la conscience qu’il a de faire partie de l’élite, d’être né pour devenir chef, mais en même temps il se trouve ligoté par la conception exorbitante de l’obéissance qu’on lui impose et qui lui est présentée comme l’unique chemin de la sanctification : si tu veux être sauvé, obéis. Il devient ainsi un parfait instrument dans d’habiles mains cléricales.'

C’est un magnifique cheval de course qui fera gagner des millions à son propriétaire parce qu’il aura développé au mieux toutes ses potentialités, mais qui restera toujours soumis aux rênes du cavalier. Il court sur la piste des grands, mais, dans l’ombre, de plus malins que lui tirent les ficelles et empochent les gains.

De cette situation le membre de l’Opus Dei ne peut plus prendre conscience, car il aura été, toujours dans le même temps, et c’est essentiel pour la survie du système, formé à rester insensible à toute influence extérieure, à toute critique et même à toute question venue de son moi profond. Seul ne doit compter que le jugement du « Pire », du prêtre « labéllisé Opus » entre les mains duquel il doit remettre sa vie. Obéis, « abandonne-toi » (62), et ne t’inquiète plus, quels que soient les aboiements « des chiens » (14). Si tu as un problème, un doute, ne te confie qu’à ton directeur, refuse toute autre intervention venant d’un ami, d’une épouse et même d’un prêtre « extérieur ».

Le membre de l’Opus Dei est devenu inaccessible dans son monde parfaitement clos, tout en restant persuadé d’avoir trouvé la seule véritable liberté. Enfermement volontaire et total à l’intérieur d’une citadelle aux bannières religieuses. La boucle est bien bouclée. Le processus sectaire est en état de marche. Avec la bénédiction de la quasi-totalité des médias et bien sûr des hauts responsables de l’Eglise catholique.