Ma mission de faire sortir les gens

From Opus-Info
Jump to navigation Jump to search

J. O. (Argentine, 29 avril 2004)


Il y a ceux qui, en quittant l’Opus Dei, disent avoir été l’objet d’une grande courtoisie et ceux qui comme moi, se sont sentis traqués. Certains seraient donc traités avec élégance, tandis que d’autres doivent se battre pour partir. À quoi tient cette différence ?

L’Opus Dei tente d’éviter à tout prix le départ de l’un de ses membres, surtout si celui-ci peut « causer un scandale » à la société. Il est donc fréquent que le futur ex-membre doive quitter sa ville, voire son pays, non pas pour vivre mieux, loin des engagements contractés dans « l’Opus Escrivae », mais pour trancher tout lien qui pourrait encore l’y rattacher professionnellement, économiquement ou personnellement, et qui rendrait son départ encore plus pénible.

Cette procédure officielle s’avère particulièrement délicate lorsqu’il s’agit d’un membre ayant eu des charges de direction et donc connaissance de faits qu’il serait gênant de divulguer. Alors que l’intéressé est en pleine crise intérieure, on le somme d’éviter, dans son propre intérêt, toute tentative d’action à l’encontre de l’Œuvre. La situation est plus tragique encore lorsque celui-ci a sombré dans un état où il est incapable de tout discernement parce qu’on l’a rendu malade à force de le faire consulter des psychiatres, des psychologues et des guérisseurs de pacotille qui lui ont assené « un traitement de cheval ».

Tous les cas ne se ressemblent pas, bien sûr, mais lorsque la sortie se passe en douceur, il y a généralement une bonne raison. D’après mon expérience, on analyse méticuleusement dans quelle mesure ce dissident va continuer à évoluer dans un cercle social proche de l’œuvre : s’il y a des membres de l’opus dans sa famille, s’il travaille avec des gens de « la chose » et que son départ aurait des répercussions financières, ou si une attitude agressive à son égard pourrait nuire à l’image de « l’Opus Escrivae ». Je peux en témoigner, on étudie tous ces aspects dans leurs moindres détails.

Il y a aussi des cas plus subtils, comme celui du membre qui veut partir, alors qu’il a toujours été un généreux donateur. S’il reste, il ne sera plus rentable ou il pourrait donner une mauvaise image aux autres, parce que sa personnalité s’étant affirmée, il n’est plus conforme au standard du membre exemplaire, même si apparemment il n’a commis aucune faute.

Enfin, un certain nombre de « sorties » se font à l’amiable, tout simplement parce que le directeur de service est un chic type qui sait fort bien qu’il n’y a pas d’autres issues. Il prend alors le risque de s’écarter de « l’attitude officielle » et va même jusqu’à mettre gravement son âme en danger en allant prendre un café en cachette avec le dissident.

J’ai vécu tout cela personnellement lorsque j’ai dû me faire violence pour accomplir cette tache ingrate de mettre quelqu’un dehors.

Sincèrement, j’ai connu plus de cas négociés avec « l’attitude officielle », même si j’ai vu aussi des gens partir « à l’amiable ». Toutes ces différentes expériences de départ ne sont guère surprenantes, mais ne nous leurrons pas, l’attitude officielle reste l’attitude officielle, tout le reste n’est que convenance et ne vise qu’à camoufler l’intolérance, l’irrespect et la violation opusienne de l’individu.