Je veux m'en aller, je crois...

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Marina (Espagne, 27 juin 2005)


Je suis à l’Opus Dei depuis douze ans et j’ai un bon C.V. de numéraire… Sous-directrice d’un centre d’Études pendant quelques années, puis directrice d’un centre de jeunes numéraires pendant un an et demi, je vis, depuis quelques mois, dans un centre de numéraires âgées, et j’en bave bien. C’est moi qui ai demandé à ne plus être directrice du centre. Je voulais quitter l’Œuvre, mais sans blesser celles qui vivaient avec moi. Je veux partir pour des raisons qui peuvent paraître insuffisantes, mais qui en tout cas sont bien claires pour moi :

– J’ai des symptômes de dépression que personne de ma famille n’a jamais développés à mon âge. J’ai donc l’impression que mon mal-être est lié à ce que je suis en train de vivre.

– Un psychiatre de l’Œuvre, que je ne peux jamais voir seule, m’a donné des antidépresseurs qui diminuent mes angoisses mais me donnent mal à la tête et m’abrutissent toute la journée. J’entends même des bruits bizarres dans ma tête.

– J’ai voulu prendre quelques jours de repos en dehors de la ville avec d’autres numéraires, sûre que je pourrais faire les Normes, mais les directrices de la délégation m’ont répondu que « notre vie est ordinaire, que je dois obéir et avoir l’âme en paix et que dans mon centre, il y a toutes les conditions nécessaires pour que je me repose bien ».

– Avant de voir ce psychiatre, je suis allée voir un médecin généraliste, de l’Œuvre aussi. Il m’a conseillé de faire du sport. Les directrices trouvent cela très bien mais m’ont rappelé que je ne peux aller dans un club de sport par « esprit de pauvreté » et parce que je dois vivre « la garde du cœur » car des hommes fréquentent aussi les clubs de sport.

– Je leur ai dit que je voulais partir, mais elles m’ont répondu que ce genre de décisions se prend à tête reposée, quand on est en bonne santé, et en présence de Dieu. Il serait imprudent de le faire maintenant, alors que je me sens si mal. Elles ne m’ont pas convaincue : qu’est-ce qui me prouve qu’un jour j’irai mieux ? Aujourd’hui, j’ai trente ans, dois-je attendre quarante ans pour partir, sachant qu’à cet âge, il est plus difficile de recommencer à zéro ?

Et puis, j’étouffe. Je deviens claustrophobe, je n’en peux plus… Tellement envie de vivre ma vie sans toutes ces règles stupides. Vivre. Vivre, tout simplement.