En hommage au père Antonio Petit

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Le 12 février 2007 Antonio Petit Pérez, prêtre numéraire de l’Opus Dei mourait à Barcelone. Il avait 59 ans, dont 43 passés dans l’Œuvre et 32 comme prêtre. Un an auparavant, il avait envoyé à Mgr Javier Echeverria, actuel prélat de l’Opus Dei, sa demande d’excardination du clergé de la prélature.

Depuis 10 ans, il était l’objet de calomnies au sein de l’institution. On contrôlait sa correspondance et ses appels téléphoniques. Après un changement d’adresse, on ne lui remit aucune des lettres qui lui étaient adressées pendant 6 mois. Son directeur lui demanda aussi pourquoi il appelait si souvent un numéro auquel répondait toujours une femme. Il s’agissait en fait de sa sœur, mais le directeur rappelait ce numéro en cachette et raccrochait immédiatement en entendant une voix féminine, il effrayait d’ailleurs, la sœur d’Antonio qui se croyait harcelée par un maniaque.

La situation devint insupportable, Antonio décida de quitter Séville et d’aller habiter quelques jours chez ses parents avant de s’installer à Barcelone où il avait l’intention de continuer à exercer son ministère sacerdotal. A peine arrivé, le directeur de son centre fit irruption chez ses parents en lui demandant de réfléchir à sa décision. Voyant qu’il ne parviendrait pas à ses fins, il demanda à Antonio de rédiger une nouvelle lettre adressée au Prélat, car dans la première, disait-il, il y avait des choses qui ne lui plaisaient pas. Il s’agissait d’un passage où Antonio avait écrit qu’il ne pouvait rester dans une institution où le Prélat en personne disait de lui dans son dos, qu’il « était un homme mauvais ».

À Barcelone, il vivait dans une chambre de 3 mètres sur 3 dans un couvent de carmélites dont il devint l’aumônier. C’est là qu’il passa la dernière année de sa vie, dans le dénuement le plus absolu, sans aucune rémunération, cherchant seulement à exercer son ministère sacerdotal.

Antonio souffrait de graves problèmes respiratoires, il avait subi une greffe du rein 22 ans auparavant. Il alla consulter son médecin, membre surnuméraire, qui lui avoua que les responsables de l’Opus Dei lui interdisaient de lui délivrer tout certificat médical. En cas d’urgence, le médecin devait envoyer préalablement tout certificat à la Commission Régionale pour que les directeurs puissent en avoir connaissance. Antonio prit conscience qu’il ne pouvait même plus avoir confiance en ce médecin et qu’on tentait de l’empêcher à tout prix de s’installer à Barcelone.

Peut de temps après son arrivée au couvent, la supérieure lui déclara qu’il ne pourrait célébrer la messe. Étonné, Antonio lui demanda des explications, celle-ci lui raconta que le vicaire de la Prélature de l’Opus Dei était venu en personne lui dire qu’Antonio était suspendu par son évêque. Antonio était abasourdi car il avait reçu un décret du Prélat (en annexe) qui lui accordait l’autorisation de s’excardiner. On lui donnait quatre mois pour trouver un évêque qui l’accueille, passé ce délai, le Prélat se verrait obligé de le suspendre a divinis.

Antonio avait reçu ce décret injuste et inacceptable, deux mois après avoir quitté Séville, au moment où il devait rencontrer l’évêque de Barcelone. Il prépara immédiatement un recours devant les tribunaux ecclésiastiques, mais comme il avait rendez-vous avec l’évêque de Barcelone quelques jours plus tard, il décida d’attendre. L’évêque lui conseilla de ne pas déposer sa plainte car ce fameux décret comportait un vice de fond qui le rendait juridiquement nul. En outre, ce recours devenait inutile puisque lui-même lui accordait sur le champ toutes les autorisations nécessaires pour exercer son ministère dans le diocèse de Barcelone. Même si Antonio était sorti ravi de cette entrevue, il restait un point à éclaircir. En effet, il avait préalablement envoyé à l’évêque son CV et un certificat médical mentionnant la fragilité de sa santé et celui-ci n’avait rien reçu. Plus tard, Antonio apprit que « quelqu’un » de la curie avait fait disparaitre ce courrier.

En septembre, on proposa à Antonio une charge à la curie et un travail dans une paroisse où il pourrait habiter dans des conditions plus décentes. Il se rendit dans cette paroisse et fut bien accueilli par le curé. Mais quand celui-ci qui était membre de la Société Sacerdotale de la Sainte Croix (association de l’Opus Dei pour les prêtres diocésains), apprit le passé d’Antonio, il changea immédiatement d’attitude, et lui demanda d’attendre qu’il téléphone, probablement à la Commission Régionale. Finalement, le curé refusa d’accueillir Antonio dans sa paroisse. Il désobéissait ainsi ouvertement à son évêque, mais il obéissait aux directives de l’Opus Dei. Antonio ne comprenait pas toutes ces persécutions de la part d’une institution qui avait prétendu être « sa vraie famille » et qu’il avait loyalement servie pendant 43 ans.

Il dut attendre jusqu’au mois de novembre pour que la prélature daigne répondre à la requête de l’évêque de Barcelone de l’accueillir dans son diocèse. La prélature ne se donna même pas la peine de rédiger une réponse écrite, elle se contenta de téléphoner au chancelier du diocèse qui prit note de la conversation et certifia son authenticité.

En janvier, Antonio apprit que la prélature avait cessé de cotiser pour sa Sécurité Sociale depuis deux mois alors qu’elle tardait à donner l’accord de son excardination, ce qui l’avait empêché d’être officiellement accueilli dans son nouveau diocèse, de percevoir un salaire et les soins médicaux dont il avait besoin.

Quelques années auparavant, les directeurs de l’Opus Dei de Barcelone utilisaient une voiture enregistrée au nom d’Antonio. La destruction du véhicule n’ayant pas été signalée à la mairie, quand Antonio s’installa à Barcelone, il reçut une amende de 500 euros. Il demanda au centre concerné de régler cette dette, mais le centre l’ignora. Antonio appela aussi son ancien centre afin qu’on lui fasse suivre sa correspondance de l’année écoulée, ainsi que sa nouvelle carte de paiement, mais on lui répondit que tout avait été jeté à la poubelle.

À partir d’octobre, sa santé commença à se dégrader sérieusement. Il alla vivre chez des parents qui prirent soin de lui. Quand Antonio mourut, sa famille fit part de son décès à la Prélature qui déclara qu’Antonio continuait d’appartenir juridiquement à l’Opus Dei et qu’ils allaient prendre en charge ses funérailles. Ils vinrent chercher son corps et ils organisèrent un enterrement en grande pompe dans une paroisse confiée à l’Opus Dei. 18 prêtres concélébrèrent la messe et le Vicaire qui avait essayé de chasser Antonio de Barcelone prononça l’homélie. Plusieurs messes furent célébrées pour le repos de l’âme d’Antonio dans la paroisse où il avait exercé, mais aucun membre de l'Œuvre ne s’y rendit.

Et Mgr Echeverria fit même figurer le nom d’Antonio Petit dans la liste des défunts du bulletin officiel de le prélature, mais bien entendu sans aucune note biographique.