Le perfectionnisme de l’Opus Dei

Chispita, 22.X.2006


L’ascétisme de l’Opus Dei a fortement tendance à épuiser ses membres, à force d’exigences perfectionnistes qui reposent sur “l’accomplissement”. On entend : « il faut accomplir par amour ». Certes, mais « si tu ne peux pas, si tu n’y arrives pas, c’est que tu n’aimes pas Dieu, tu désobéis, tu es un dissident, tu n’en fais qu’à ta tête, tu n’es qu’un Luther, un Calvin » ou que sais-je encore. La formation et le système de formation ne produisent que des complexes de culpabilité et de frustration. On crée des complexes de culpabilité qui mettent en jeu les faiblesses, les erreurs humaines et les petites choses insignifiantes de chaque jour. On crée des individus perfectionnistes, pétris d’habitudes, des robots qui agissent sans amour et sans cœur, qui ne font que suivre un programme d’auto perfectionnisme et d’autosatisfaction en marchant sur le bonheur de leurs frères.

Et en même temps, on fabrique des individus incapables d’admettre leurs fautes réelles, car pour eux les fautes qui comptent sont imaginaires, comme s’accuser en confession de n’avoir récité qu’une partie du rosaire ou d’avoir été distrait pendant une « norme de piété », alors que l’on n’a pas conscience d’avoir défendu un comportement agressif ou violé l’intimité d’un autre en copiant par exemple tout le contenu de son ordinateur. On oublie donc l’essentiel, la Charité, sous prétexte d’accomplissement (j’accomplis et je mens) de toute une kyrielle de coutumes, normes de piété, pratiques, manières de s’exprimer, de se mouvoir et de se comporter dans le cadre de ce que l’Opus Dei appelle « la sainteté ».

Quand le perfectionniste réalise qu’il ne peut tout faire, il s’angoisse, il est tourmenté, il s’auto-flagelle et flagelle les autres avec ses tensions intérieures, accompagnées d’un comportement brusque et antipathique qui rend invivable la vie dans un centre.

Selon les critères antiques de l’ascèse, on inculque le renoncement et la pénitence intérieure qui perturbent, surtout parce que l’on sait que l’on ne sera jamais compris et soutenu dans ses problèmes psychologiques. Car ceux qui reçoivent « l’entretien fraternel » ne nous connaissent à peine et ne peuvent nous aider. Ils sont là pour enregistrer des données et transmettre des ordres. C’est la réalité pure et dure.