La dépression dans l’Opus Dei

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Galileo, 11 février 2005


L’opus Dei a bel et bien l’air d’avoir un très grave problème avec “les dépressions” dont souffrent nombreux de ses membres, surtout les numéraires. Il s’agit d’un véritable « cancer » auquel l’institution ne trouve pas de solutions, ni n’est disposée à en trouver. Donc, à cause de cela, les pronostics de dépressions dans l’opus sont négatifs. Alors que 70 à 80% des dépressions « à l’extérieur » peuvent se soigner totalement en quelques semaines, voire quelques mois, dans l’opus ce pourcentage est beaucoup moins élevé et on remarque de nombreuses dépressions chroniques : Des individus « hors-circuit » qui végètent dans les centres pendant des années. L’opus et ses psychiatres mettent dans le même sac de la dépression, des troubles qui ne le sont pas, bien qu’ils puissent avoir des caractéristiques dépressives, tels les troubles d’adaptation, les troubles post-traumatiques, les troubles d’anxiété, les troubles réactifs et une réalité non encore reconnue, comme le trouble du manque affectif. Il est à la mode de dire que la dépression a des origines biologiques et génétiques, alors qu’il est évident que ces troubles que je viens de citer, proviennent de causes extérieures dans lesquelles les directeurs et l’opus pourraient se voir impliqués.

L’opus Dei utilise une double terminologie. A ceux qui s’inquiètent du spectacle « lamentable » qu’offre certain centres, elle leur répond qu’il s’agit d’une maladie fréquente, due aux « dégradations » provoquée par les exigences de la vocation. D’ailleurs, l’opus Dei utilise plutôt les doux euphémismes d’« épuisement » ou de « surmenage » pour désigner la « dépression », terme plus pénible et plus inquiétant.

Quant au malade, on préfère le rassurer en insistant sur les causes biologiques de son mal. Qu’il n’aille pas s’imaginer des choses et qu’il prenne docilement ses médicaments. Et cela surtout dans les cas où il est dans l’intérêt de l’opus que cette personne « persévère » dans sa vocation sans faire de remous. Par contre, si la personne n’intéresse pas l’opus, ou fait précisément des « remous », parce qu’elle pense « trop », on aura alors tendance à la culpabiliser cruellement par rapport à sa dépression. On lui reprochera son manque de générosité, un conflit personnel lié à son « don » à l’opus Dei. En tout cas, un diagnostic médical totalement fictif. Si l’on peut définir la dépression comme une maladie qui consiste à souffrir au plus profond de soi, sans espoir de guérir, et que l’on dit à un « malade » que c’est à cause de son manque de « don » et de générosité, on l’achève, tout simplement.

L’estimation des troubles de la dépression dans la population mondiale varient entre 5 et 10 % (estimations qui se réfèrent à un nombre total de personnes affectées à un moment donné). Et les possibilités de développer une dépression dans la vie d’un individu, varient entre 10 et 15% pour les hommes et entre 20 et 25% pour les femmes. De nombreux témoignages montrent que dans les centres de numéraires plus « âgés » (à partir de 35 ans), il y a plus de 10% de personnes dépressives. Nous n’avons ni n’auront jamais les statistiques au niveau de tout l’opus Dei, mais d’après mon expérience et celle de nombreux anciens membres, on peut dire que le risque de dépression dans l’opus Dei est au moins deux ou trois fois supérieur à celui de la population générale. En outre ces « diagnostics » dont j’ai parlé plus haut empirent les cas.

Il est prouvé scientifiquement que la dépression est engendrée par certaines circonstances de la vie : la perte de son travail, une séparation, la mort d’un être cher, un déménagement etc. et que les individus qui évoluent dans une sphère émotionnelle positive et une communication aux autres favorable, ont moins de risques d’être atteints de dépression.

On traite la dépression par médication, mais si l’on complète celle-ci par différentes psychothérapies, cela augmente les possibilités de guérison et diminue le nombre de rechutes. C’est à dire que l’on « arme » le malade pour qu’il envisage sa vie d’une autre manière et qu’il apprenne à affronter ses conflits.

La “direction spirituelle” n’a donc rien à voir avec le traitement de la dépression. Au contraire, les différentes thérapies aident un individu à s’exprimer sans barrières, car il devra parler en profondeur de sa vie, éliminer les idées et croyances erronées, détecter ses « manques » personnels. Finalement il apprendre à avoir une plus haute estime de lui-même.

Obliger les membres, surtout les numéraires et les agrégés, à consulter un psychiatre de l’opus Dei approuvé par les directeurs, est tout simplement opposé à toute déontologie médicale. Et dans certains cas, on pourrait même avoir recours à des poursuites judiciaires.

On constate donc :

  1. Une violation du secret professionnel en supposant que le patient autorise implicitement le médecin à informer les directeurs, confondant une fois de plus direction spirituelle et médecin, et l’on croit que tous les moyens sont bons pour contrôler le malade. Aujourd’hui le secret professionnel est très légalisé, on ne peut même pas informer la famille du patient sans le consentement de celui-ci. En outre, je connais personnellement deux cas de directeurs de l’opus Dei, au départ médecins généralistes, qui ont été par la suite « recyclés » comme « psychiatres spécialisés » uniquement pour les membres de l’opus Dei.
  2. Le médecin qui traite le patient n’a aucune liberté professionnelle d’action, car il doit obéir aux directeurs qui prétendent superviser les différents aspects du diagnostic et du traitement. Donc il prend des décisions qui ne se basent pas uniquement sur des critères médicaux.
  3. On choisit un traitement qui n’aborde pas les causes, donc un traitement erroné ou incomplet, donc inefficace. Je m’explique, l’opus Dei, même si cela semble insensé, se détache du commun des mortels par un concept de la dépression purement matérialiste, la considérant comme une maladie comme les autres en marginalisant l’âme humaine, les sentiments, l’estime de soi, le « moi » etc. Et ceci, à mon sens, parce que l’opus Dei ne peut assumer les véritables causes de cette épidémie de dépressions qui la ravage. Il faut donc cacher et « agir » en donnant des traitements aux gens.


Sans m’étendre sur les possibles causes extérieures (à part une prédisposition génétique), en voici quelques unes qui concernent les membres de l’opus qui souffrent de dépression  :

  1. Absence de liberté pour choisir ou contrôler son avenir avec l’insécurité et les frustrations que cela suppose.
  2. Absence de liberté pour affronter les conflits entre ce que l’on nous dit de faire et ce que l’on croit devoir faire.
  3. Absence d’intimité et de véritable structure familiale continue, ce qui engendre la solitude.
  4. « Spiritualité » qui pousse spécialement à une soumission et une obéissance aveugle, qui engendre une dépréciation de soi et une dépendance envers les directeurs.
  5. L’humiliation d’être obligé d’ouvrir sa conscience à des personnes qui manipulent ces confidences et les utilisent pour « diriger » l’individu.
  6. Vivre dans une maison, au sein d’une institution pauvre en compassion et en charité, car ses « critères » se situent toujours au dessus de l’individu.