Controverse entre Jacques Trouslard et Dominique Letourneau

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La position du père Jacques Trouslard

Ancien vicaire général du diocèse de Soissons, spécialisé depuis plus de dix ans dans la lutte contre les sectes, le chanoine Jacques Trouslard a fait connaître sa position sur l'Opus Dei par des émissions de télévision et par des déclarations à des auteurs de livres sur cette oeuvre (Cf 'Le grand décervelage'; de Bernard Fillaire, Ed. Pion, 1993, chapitre 10, 177-191, "Bénie par Rome l'Opus Dei").

Position ainsi résumée en dix points par Thierry Oberlé dans son livre "L'Opus Dei, Dieu ou César ? ", p. 51 à 53 (édit. J. C. Lattés, 1993)

1. Le détournement. L`Oeuvre reçoit en son sein des membres qui contractent des voeux de célibat, d'obéissance et de pauvreté alors qu'ils sont mineurs et souvent à l'insu de leur famille, quitte à utiliser sur le conseil de leur directeur ecclésiastique ou de leur supérieur laïc le mensonge en cas de questions des parents.

2. L'endoctrinement. Il est systématiquement accompli à partir d'un régime de prières intensif, de retraites, de conférences, de lectures qui proviennent exclusivement de l'Opus Dei et des écrits du fondateur. Or cette technique s'apparente mutatis mutandis à une coercition, sinon à un lavage de cerveau. Le procédé mène progressivement à un enfermement à l'intérieur du groupe. Il est encore aggravé par la confession régulière des membres de l'Opus Dei, numéraires ou surnuméraires, à un prêtre appartenant au groupe. Les opusiens se confient aussi régulièrement à un directeur de conscience laïc, toujours membre de l'OEuvre.

3. La rupture ou l'éloignement avec la famille. C'est dans ce domaine que les plaintes sont les plus nombreuses. Les familles déplorent de ne plus voir leurs enfants. Elles s'étonnent d'autorisations annuelles réduites à quelques jours de vacances, alors que dans les congrégations les personnes consacrées ont droit à environ deux semaines par an parmi les leurs et sont autorisées à rendre visite à leurs parents tout au long de l'année.

4. Le prosélytisme exacerbé. Chaque membre doit recruter des adeptes. Il tente d'influencer ses amis. Mais, si ces derniers sont allergiques à l'oeuvre, s'ils prennent conscience de la manoeuvre, ils perdent tout intérêt. On cherchera alors à exercer ailleurs le recrutement en employant une approche souvent masquée. En France, l'Opus Dei proposait jusqu'en 1992 des activités culturelles ou de loisirs à des jeunes sans préciser qu'il les patronnait.

5. Les faux laïcs. L'Opus prétend être un institut de laïcs qui partagent pleinement les conditions de la vie "extérieure". Mais ces laïcs pratiquent en réalité une discipline dont l'austérité surpasse celle des congrégations contemplatives. Les numéraires passent par ce que l'Opus Dei appelle les trois engagements : le célibat, l'obéissance et la pauvreté. Ils sont dénommés ainsi pour éviter le terme de vœux, aux connotations trop religieuses. Leur engagement les sépare inévitablement des conditions normales de la vie laïque. Les numéraires vivent en communauté retirée.

6. Le cléricalisme. Les laïcs sont assujettis au pouvoir des clercs, car la structure hiérarchique de l'Opus Dei sur le plan local, régional ou international aboutit toujours à son sommet à un clerc. Par précaution verbale, l'Opus Dei souligne que les clercs se réservent le domaine spirituel sans interférer d'aucune manière sur le plan temporel où on laisse les membres libres et indépendants. Ils sont en réalité dirigés dans tous leurs faits et gestes.

7. Le professionnalisme. L'Opus Dei développe une sorte de surestimation, d'exploitation outrancière du travail, Le laïc se sanctifie à travers sa profession qui est elle-même sacralisée. Or, la profession ne définit pas toute la vie d'un individu. Cette exagération pose question. Car pour l'Eglise catholique la personne humaine ne vaut pas d'abord par ce qu'elle fait, mais par ce qu'elle est.

8. L'aspect financier. Dans le département de l'Aisne où est installé son château, l'Opus Dei n'a pas craint, au milieu des années 80, de demander des dons de 4- à 5.000 francs à des exploitants agricoles. Ces derniers ont très mal supporté les requêtes financières qui leur étaient adressées pour construire l'école hôtelière de Dosnon ou pour rénover le château de Couvrelles. Certaines familles de membres ont, pour leur part, été très étonnées d'être sollicitées si fréquemment par des enfants qu'elles ne voient par ailleurs que rarement.

9. L'infiltration. La stratégie de l'Opus Dei vise à transformer la société en essayant de pénétrer tous les domaines de la vie économique, sociale, familiale et culturelle.

10. Le culte du maître. On retrouve à l'Opus Dei, pourtant fier de se dire un organisme d'Eglise, la domination d'un maître que, dans d'autres groupes, on appelle un gourou. Elle passe par l'extraordinaire dévotion de Mgr Escrivà de Balaguer. Des membres de l'oeuvre affichent dans leur chambre de magnifiques photos du fondateur, à côté d'une modeste image de la Vierge et parfois d'un petit crucifix. Souvent, l'image du fondateur suffit. C'est devant lui que l'on prie en allumant une petite bougie. Le maître incontesté est vénéré et craint. Son message est omniprésent.

La réplique de mgr Letourneau, prêtre de l'Opus Dei

MONSEIGNEUR DOMINIQUE LETOURNEAU
5. RUE DUFRENCY. 75116 PARIS
TEL 45 04 77 12

Paris, le 21 juin 1993
Monsieur le Chanoine Jacques Trouslard Boîte Postale 95
02203 SOISSONS CEDEX

Monsieur le Chanoine,

Le 7 avril dernier, la RTBF (Radio-Télévision Belge de la Communauté Française) a diffusé un programme sur la Prélature de l'Opus Dei, comportant certaines déclarations de vous. Peu après, j'ai pris connaissance du livre de B. Fillaire, Le grand décervelage, et de celui de Thierry Oberlé, L'Opus Dei. Dieu ou César ? Le premier consacre quelques pages, dont vous constituez l'une des sources principales, à l'Opus Dei, et le second recueille également nombre de vos déclarations.

Je respecte pleinement votre liberté d'opinion. Je pense, cependant, qu'à l'origine de certains jugements que vous émettez, il y a une série de données factuelles que vous avez relevées ; et c'est à propos de ces données que je me vois obligé de vous écrire car, en tant que prêtre de la Prélature de l'Opus Dei, je les connais bien.

Je me référerai à l'exposé du livre de Thierry Oberlé (spécialement les pages 51-53), qui présente l'explication la plus complète et la plus systématique, et aussi la plus nuancée, de vos jugements sur l'Opus Dei. Si ce texte ne reflétait pas bien votre pensée, je vous serais reconnaissant de me le faire savoir.


1. Vous accusez tout d'abord l'Opus Dei de recevoir en son sein, souvent à l'insu de leurs familles, des jeunes qui contracteraient des vœux alors qu'ils sont mineurs, et qui useraient du mensonge - suivant les conseils des directeurs - pour tromper leurs parents.

Dans la réalité, l'Opus Dei ne recrute pas de mineurs, que ce soit avec ou sans le consentement des parents, car, pour un engagement temporaire, il faut avoir au moins 18 ans, et, pour un engagement définitif, 23 ans. J'ajoute en outre que cet engagement ne se réalise pas par des voeux, qui n'existent pas dans l'Opus Dei.

En ce qui concerne l'accusation - très grave - de mentir sur le conseil des directeurs, cela est absolument contraire à l'esprit et à la praxis de l'Opus Dei, car ce serait tout simplement contrevenir à la morale chrétienne et même à la morale naturelle. Les quelques témoignages qui vous sont parvenus à ce propos mériteraient d'être bien vérifiés, ce qui implique d'écouter et de bien soupeser la version de chacune des parties en présence. Avez-vous agi ainsi ?


2. Accusation d'endoctrinement lectures et formation exclusivement au moyen de textes de source Opus Dei, qui mène à être enfermé à l'intérieur de l'oeuvre, etc. Je passe sur l' " accusation " ce " régime de prières intensif " : au cas où vous l'auriez formulée, il doit s'agir d'un lapsus, car notre prière ne doit-elle pas être intense ?

Savez-vous que les jeunes qui demandent l'admission dans l'Opus Dei continuent de fréquenter le même milieu familial, éducatif (école, université, etc.) et professionneli qu'avant leur demande ? Et que, donc, ils sont soumis-si l'on peut s'exprimer ainsi - aux mêmes pressions ambiantes que leurs amis et collègues ? En outre, la formation spirituelle et doctrinale qu'ils reçoivent en tant que membres de l'opus Dei s'inscrit dans la doctrine séculaire de l'Église ; le programme d'études de philosophie et de théologie suivi par tous, et approuvé paie Saint-Siège, repose sur l'étude de la Sainte Ecriture, des Pères et docteurs de l'Église et d'auteurs - philosophes et théologiens - actuels.

Prétendre que la source de cette formation est constituée exclusivement par les écrits du Fondateur et d'autres membres de l'Opus Dei est donc une erreur manifeste. La "ratio studiorum" des membres de l'Opus Dei, documment qui, comme je l'ai dit, a été approuvé par la Congrégation pour l'éducation Catholique, atteste ce que je viens de vous dire.


3. Accusation d'éloignement et de rupture avec la famille si, devant cette accusation, la défense de l'opus Dei est qualifiée par vous de non crédible, parce que stéréotypée et habituelle dans toutes les sectes (cf. Oberlé, nages 55-56), vous devez reconnaître eue votre accusation n'est guère plus
concrète ni précise. Je vous invite à nouveau à citer les cas nommément et, naturellement, à faire préalablement une enquête impartiale de chacun d'entre eux, en écoutant les deux parties.

Ce n'est en tout cas pas ce que semble avoir fait Thierry Oberlé pour les cas cités aux nages 19-32, dans lesquels il tombe dans des contradictions évidentes, comme de dire eue Silvestre entre dans !'Crus Dei à 18 ans, et deux lignes plus loin, d'écrire qu'il s'était en fait engagé bien avant sa majorité (cf. p. 21) : qu'en est-il finalement ? Je ne m'attarde pas davantage à ces cas, car vous n'êtes pas cité comme source de ces informations.


4. Accusation de prosélytisme exacerbé : il est difficile e répondre à cette accusation, car elle est aussi très générale et ne repose sur aucune preuve. Le ton émotionnel avec lequel elle est évoquée ne suffit pas à masquer la faiblesse des arguments. En outre, ne pourrait-on pas qualifier le même comportement d'évangélisation audacieuse ou d'apostolat tenace ? Et n'est-elle pas en contradiction avec l'accusation citée

antérieurement d' " enfermement à l'intérieur du groupe " (cf. P . 512 lignes 18-2220) ? J'ajoute que, si en France, en 1992, l'Opus Dei organisait des activités sans mentionner leur paternité, alors l'Oeuvre aurait mal agi. Mais, êtes-vous certain
que c'était l'Opus Dei qui organisait ces activités ? Pourriez-vous m'en donner des exemples, avec des preuves ?

À cet égard, n'oubliez pas de respecter une distinction fondamentale : une chose est qu'un membre de l'Opus Dei, dans l'usage de sa liberté personnelle, promeuve une activité, et une autre, très différente, que l'Opus Dei lui-même le fasse. '.le pas accepter cette distinction équivaut à refuser aux membres de l'Opus Dei la marge d'autonomie personnelle que les statuts de l'oeuvre - déjà publiés en France - leur confèrent aux n' 88 § 3, 119 et 120.


5. " Les faux laïcs " : selon l'enseignement de l'Eglise catholique, les laïcs sont les baptisés qui participent à la .mission de l'Église dans le monde (les activités séculières) au titre exclusif de leur consécration baptismale (cf. LG, n° 21, AA n° 2, CIC 225, Christifideles laici, n° 9) . Les membres laïcs de l'Opus Dei répondent parfaitement à ces conditions. leur " engage..-,eut " avec l'Opus Dei - qui, j'insiste, ne s'inscrit pas dans la ligne du triple voua de pauvreté, chasteté et obéissance - ne les sépare pas de ces conditions normales de vie. Avez-vous fréquenté personnellement des membres numéraires de l'opus Dei, ou quelque Centre de la Prélature ?


6. Le cléricalisme : permettez-moi de vous dire qu'il ne s'agit pas seulement d'une accusation manifestement fausse, mais d'une superficialité juridique. La Prélature de l'Opus Dei est une institution de la structure hiérarchique de l'Église. C'est pourquoi le Prélat qui la dirige et ses vicaires ne peuvent pas ne pas être des -prêtres. C'est comme si vous exigiez que l'Évêque de Soissons et ses vicaires soient des laïcs.

J'ajoute qu'au niveau local, le Directeur d'en Centre de l'Opus Dei est habituellement un laic.


7. Sur le " professionalisme " : vous pouvez vous référer à ce que j'ai déjà écrit surr le " prosélytisme exacerbé ". Il
faudrait se mettre d'accord sur les faits. En tout cas, il (...) d'une opinion qui vous est propre, que je ne partage pas et à laquelle il n me semble pas raisonnable d'adhérer, car une telle déformation des fins de l'Opus Dei aurait été réprouvée par l'autorité de l'Église.


8. Sur l'aspect financier les membres de l'Opus Dei demandent effectivement de l'aide, aussi de nature financière, pour les projets apostoliques qu'ils promeuvent tout comme nombre d'institutions et associations chrétiennes. Cela peut en déranger certains, mais je ne le considère pas comme un délit, ni même comme un motif de critique. Vous avez le droit de condamner cette attitude, mais serais alors que vous m'en expliquiez les motifs.


9. L'infiltration je suis entièrement d'accord avec l'explication qui est donnée dans c paragraphe. En effet, les
fidèles de l'Opus Dei sont du nombre de ceux oui veulent changer la société, pour la rendre plus humaine et plus chrétienne. __ terme " infiltration " est à rejeter, car les membres de l'Opus Dei n'ont Pas besoin de " s'infiltrer" dans la société : en tant que citoyens courants, ils en font déjà partie intégrante.


10. Le " culte du maître " : l'Église a autorisé le culte public du bienheureux Josémaria, et il y a dans l'Op-us Dei une grande vénération pour le Fondateur.


Je considère cette attitude comte tout à fait logique et respectable. De même je respecte le fait que vous n'ayez pas de dévotion pour lui. Je ne connais cependant pas les excès mentionnés dans le paragraphe en question : en avez-vous été témoin ?
En outre, je ne peux ignorer une grave accusation que 3. Fillaire (page 189 de son livre Le grand décervelage) vous attribue, à savoir : que les fidèles de !'Crus Cet sont obligés de se confesser à un prêtre de l'opus Dei. Je peux vous assurer ace cela est r- .. La liberté ._ confesser au Prêtre de s= choix est une liberté de tous les fidèles et donc des fidèles de l'Opus Dei, même s'il leur est effectivement recommandé de se confesser à un prêtre de la Prélature.

C'est néanmoins un fait - les faits sont têtus - qu'il y a des nombreux membres de l'opus Dei oui, pour des motifs très divers se confessent à des prêtres qui n'en font pas partie : par exemple, parce qu'ils habitent là où il n'y a pas de Prêtres de la Prélature, parce qu'ils sont en déplacement professionnel, parce qu'ils en ont envie...

Avant de conclure, je veux, aussi dire clairement que je ne peux exclure que des . .,.ares de l'Opus Dei aient commis des erreurs ou des imprudences dans certains cas, puisqu'en ce monde, nous nous trompons tous. Lais évoquer cette possibilité n'équivaut en rien à affirmer que dans l'Opus Dei on agit systématiquement mal.

Enfin, je dois vous dire, Monsieur le Chanoine, qu'au-delà des accusations qu'en vous attribue et dont la plupart me paraissent peu fondées ou objectivement fausses, ce qui m'a vraiment surpris, c'est que vous affirmez (p. 57) les avoir conçues sans avoir écouté les responsables de l'Opus Dei et sans avoir cherché à rencontrer les membres de l'ouvre qui sent directement affectés - ces a_.,.. .. : il= justification que vous donnez de votre attitude dans la même page 57, loin de vous excuser, aggrave votre faute, car si vous refusez ces rencontres parce que vous pensez que nous allons vois influencer ou vous tromper, c'est que vous avez déjà arrêté votre jugement sur l'opus Dei, avant même de nous écouter.

En toute sincérité, je dois vous dire que cette manière d'agir enfreint le sens de la justice, qu'elle est peu sacerdotale, peu chrétienne, et même peu humaine.
Lorsque vous affirmez que vous possédez toutes les preuves de ce eue vous avancez, alors que vous n'avez même pas parlé avec les intéressés, il semble que vous professez des opinions étroites et faites preuve d'une certaine intolérance-. Et c'est Précis=ément là qu'on rejoint la définition que donne le .Robert de la personne sectaire.

En outre, en étalant ces jugements devant l'opinion publique, à la télévision et dans des livres, pense qu' objectivement - je ne peux pas ni ne veux juger votre conscience - vous tombez dans une grave calomnie. Co-me prêtre, je ne peux m'exprimer autrement.

Je prie pour vous, Monsieur le Chanoine, et demande au Seigneur que vous continuiez à faire le bien dans votre ministère sacerdotal. Je lui demande également qu'il vous accorde la grâce d'examiner sans passion, avec la droiture morale qui - j'en suis certain - vous guide, votre attitude face à l'Opus Dei. Je garde l'espoir que cette droiture vous conduira un jour prochain à rectifier vos jugements et à tâcher de réparer le dommage causé.

Si un jour vous changez d'attitude et -manifestez par des faits concrets une volonté de justice, sachez une de notre côté nous serons toujours disposés à vous rencontrer et à entamer alors un dialogue. Sachez aussi, Monsieur le Chanoine, que nous vous avons toujours pardonné, d'emblée et de tout coeur.
Veuillez croire, Monsieur le Chanoine, en mon très sincère dévouement en !Notre Seigneur et en Notre Dame.

P. S. J'envoie copie de cette lettre à Mgr Labille, au P. di Falco et à Mgr Antonetti.

La critique de la réplique par une ancienne numeraire de l'opus dei

POINT 1

  • a) Admission de mineurs à l'OPUS DEI,
  • b) Invitation au mensonge de la part des responsables de Centres et de Foyers OPUS DEI

Commentaire

a) Il est vrai que "de jure " c'est-à-dire juridiquement on ne peut entrer dans l'œuvre avant 18 ans. Mais ce que Mgr LETOURNEAU omet de dire, c'est que cette admission officielle",qui se concrétise par la cérémonie de " l'oblation " à 18 ans, au plus tôt, doit obligatoirement être précédée un an auparavant de la cérémonie de l'Admission qui se fait donc
à 17 ans et que cette cérémonie est en fait la réponse à la demande d'adhésion à l'Oeuvre que les jeunes ont adressée 6 mois plus tôt au Père Directeur Général à Rome , Monseigneur Alvaro del PORTILLO, premier successeur du Fondateur Monseigneur Escriva de BALAGUER. Donc, des jeunes, par cette lettre de demande, s'engagent de facto" à l'âge de 16 ans et demi.

( Le fait d'écrire cette lettre s'appelle "siffler " en langage opussien ). Cette lettre de demande peut concerner les divers états de vie qu'offre l'Oeuvre . Numéraire, surnuméraire, auxiliaire, etc. Mais il est possible de "siffler " dès l'âge de 14 ans et demi. On devient alors'" aspirant et on le reste pendant 2 ans et demi jusqu'à " l'Admission Dès qu'il a sifflé, un jeune ne cesse plus de s'entendre dire qu'il fait déjà partie de la grande famille de l'opus Dei, même si " de jure " il n'en est pas encore partie intégrante. Il reçoit déjà tous les cours concernant " l'esprit de l'Oeuvre "Il pratique même certaines normes, participe aux cercles, aux heures de formation, aux récollections. On lui parle sans cesse ce sa " vocation " qu'il faut protéger et défendre à tout prix .


b) Le mensonge - En général, quand les jeunes "sifflent" très tôt, leurs directeurs ne leur recommandent pas d'en parler à leurs parents. On leur explique qu'ils risqueraient de mettre en péril " leur vocation"qu'il n'est pas nécessaire que les parents le sachent pour l'instant. Certains témoignages font même état d'une sorte de chantage aux risques spirituels auxquels s'exposeraient les parents s'ils étaient amenés, par une révélation trop précoce ou mal préparée, à s'opposer à la vocation Opus Dei de leur enfant.

C'est souvent au cours du voyage à Rome, organisé par l'Oeuvre, chaque année à Pâques, que des jeunes peuvent être amenés à siffler, On y emmène évidemment des jeunes qui ont déjà eu des contacts avec l'Oeuvre et dont on pense qu'ils ont des dispositions pour être émus, impressionnés par la rencontre du Saint Père, du Père Supérieur de l'Opus Dei, par la visite du splendide Centre O.D., de la belle crypte de marbre où repose le Fondateur, par la Ville Eternelle.

C'est ainsi que très souvent des jeunes enthousiasmés écrivent leur lettre de demande d'adhésion à Rome même. La lettre est aussitôt postée, à l'insu des parent, du fait de l'éloignement, indépendamment de toute autre raison.

Enfin, il existe de nombreux autres témoignages concernant des conseils de dissimulation, de la part de directeurs ( trices) si vertueusement niés par Mgr LETOURNEAU Mais dans sa propre lettre ne "pêche-t-il pas par omission"? car il est impossible qu'il ignore la façon dont se pratique l' engagement dans l'Oeuvre, pratique parfaitement codifiée : lettre d'adhésion , cérémonie de l'admission précédant respectivement de 18 mois et un an l'oblation" c'est-à-dire l'intégration juridique dans l'Oeuvre. Si cette Oblation a lieu à l'âge de 18 ans, cela veut dire qu'un jeune s'est engagé " de facto;' à l'âge de 16 ans et demi et quelques fois dès 14 ans et demi.

Il y a bien d'autres occasions de dissimulation dans l'0-D.. Pour ne prendre qu'un exemple en ce qui me concerne, je recevais souvent des Vêtements que ma mère me faisait parvenir au Centre à l'étranger, où je faisais mes études. La directrice me "priait ' de donner ces vêtements à des compagnes moins gâtées que moiavec la recommandation de ne pas le dire à mes parents " qui ne comprendraient pas sans doute cette pratique habituelle dans l'oeuvre. Je recevais effectivement d'autres vêtements si j'en avais besoin.

Un autre exemple beaucoup plus grave : des parents payent la pension de leur fille dans un foyer d'étudiantes 0,D, dans le pays étranger où elle faisait ses études. Or les normes à pratiquer. sa participation aux activités et à la marche du Foyer étaient si accaparantes qu'il ne lui restait plus de temps pour ses études et sa directrice lui disait surtout ne dis pas à tes parents que tes études n'avancent pas, ils pourraient supprimer ta pension . Que deviendrait notre Foyer, nous avons tant besoin d'argent . Cette situation a duré quatre ans. Quel qualificatif mérite ce fait dont j'atteste qu'il est parfaitement exact ? Toutes les numéraires savent bien que les activités du foyer retardent considérablement l'obtention des diplômes. Bien sûr, Mgr Le TOURNEAU aimerait vérifier ces témoignages 'mais révéler les noms reviendrait à mettre bien des personnes dans l'embarras et les tracasseries. Je puis me porter garante de la véracité de tout ce qui précède... mais que vaut mon témoignage puisque moi aussi, je désire conserver l'anonymat, ayant déjà eu l'expérience des reproches des responsables de l'oeuvre adressés tant à moi qu'à ma famille, en plusieurs circonstances.

Voilà donc pour le point 1 de la lettre de Monseigneur Le TOURNEAU, On peut remarquer qu'il s'abrite derrière les statuts, derrière le fait qu'effectivement, l'entrée dans l'Opus Dei se fait juridiquement à 18 ans , lors de la cérémonie de l'Oblation.


POINT 2 - Accusation d'endoctrinement.

Commentaire Là encore l'argumentation de Mgr. Le TOURNEAU est ambigüe. Il faut en effet faire une distinction entre .

  • a) la formation doctrinale et
  • b) la formation à " l'esprit de l'Oeuvreo.

a) la formation doctrinale et spirituelle que reçoivent les jeunes en tant que membres de l'opus Dei est effectivement conforme à la tradition séculaire ce l'Eglise et approuvée, par le Saint Siège. Le programme d'études de philosophie
et de théologie repose bien sur l'étude des pères et des docteurs de l'Eglise. L'Opus Dei se dit d'ailleurs thomiste, mais Klaus STEIGLEDER, ancien numéraire devenu théologien émet quelques réserves à ce sujet . ( Se reporter à son livre: L'opus Dei vu de l'intérieur ") . Toutefois, les étudiants membres de l'Oeuvre doivent fournir à leurs directeurs la liste des ouvrages qu'ils doivent lire et étudier pour la préparation de leurs diplômes. Les directeurs opèrent un choix parmi ces ouvrages et disent à l'étudiant : ces livres là sont autorisés par l'Oeuvre, les autres non. C'est particulièrement vrai pour les ouvrages de philosophes et de théologiens actuels dont parle monseigneur Le TOURNEAU. Les étudiants se trouvent de cette manière handicapés pour la préparation et la réussite de leurs examens. Je me suis trouvée moi-même dans ce cas .


b) La formation à l'esprit de l'oeuvre. Monseigneur Le TOURNEAU n'en souffle mot. Pourtant elle est je pourrais dire prépondérante et constante. Et pour inculquer cet esprit de l'Oeuvre, on se sert exclusivement d'ouvrages écrits pas le Fondateur ou son successeur et par d'autres auteurs Opus Dei. On leur répète sans cesse il faut devenir Opus Dei, il faut être OPUS DEI . Par exemple : le livre de prière du matin nous assène l'esprit de l'oeuvre.Il nous en abreuve pendant une demi-heure à notre réveil. Il comporte au moins 6 tomes qui font le tour de l'année liturgique. Quand Il les a terminés on recommence.

Il y a aussi le " catéchisme de l'Oeuvre " qui est conservé sous clé et qu'on consulte uniquement dans le centre d'études ( études de 2 ans ) et les centres des cours annuels, en général cours d'été où les membres passent trois semaines et qui leur tiennent lieu de vacances. Ce catéchisme est composé de questions et de réponses à apprendre par coeur. Il passe en revue tous les aspect, et les circonstances de la vie d'un membre de l'oeuvre et le comportement qu'il faut avoir face à eux il traite aussi quelques points des statuts, mais uniquement ceuxqui trouvent leur application dans la vie des membres.

Il n'est pas question que ce catéchisme sorte da l'enceinte d'un centre de formation O.D.. Il faut le rapporter pour le remettra. sous clé dès qu'on e fini de le consulter, au plus quelques heures. Bien entendu, il y a aussi le livre " Chemin " de Monseigneur Escriva de Balaguer, considéré comme étant , la bible de l'OPUS DEI. Enfin, les membres participent, chaque semaine, au Cercle, sorte de conférence donnée par les responsables qui expliquent , une fois de plus l' esprit de l'Oeuvre ". On y étudie une norme ou un autre aspect de la vie des membres. La liste des sujets prévus pour cette étude dure environ 6 omis et ensuite on recommence.

Voilà donc les " outils" pour inculquer l'esprit OPUS DEI que possède l'Oeuvre il faut souligner que dans un premier temps, cette formation est beaucoup plus poussée que celle de la philosophie et de la théologie.

Quant au " régime de prière intensif"' dont parle Monsieur le Chanoine TROUSLARD, il est réellement très chargé - Se reporter au livre de Klaus STEIGLER qui donne la liste des prières et des dévotions, des lectures et des méditations à faire dans les 24 heures. Mgr Le TOURNEAU déplace le problème quand il parle de " prière intense"et crée une confusion entre qualité de la prière et la surabondance des prières et des dévotions


POINT 3 - Eloignement et rupture avec la famille

Commentaire : Mgr. Le TOURNEAU fait remarquer que si la défense de l'Opus Lui n'est, pour l'Abbé TROUSLARD, pas crédible parce que stéréotypés, il accuse ce dernier de proférer des accusations ni concrètes, ni crédibles et l'invite à citer des noms. J'ai expliqué plus haut que citer des noms, c'est exposer des personnes à des interventions pénibles de l'oeuvre, ( nombreux témoignages à ce sujet y compris le mien ) et enfin, on sait pertinemment qu'une confrontation entre l'oeuvre et un témoin ne sera en aucun cas éclairante car la réponse des opusiens sera effectivement stéréotypée, les membres ayant promis l'obéissance aveugle demandée par le Fondateur (( cf. Chemin ) et ayant été, à l'avance, munis de réponses toutes faites à toutes les critiques possibles. Je le sais de ma propre expérience et de celle de tous les autres membres. La formation est la même dans tous les centres quel que soit le pays, nous sommes tous coulés dans le même moule Mgr. Le Tourneau accuse aussi Thierry OBERLE de " contradiction évidente" quand il cite le cas de Silvestre entré dans l'Oeuvre à 18 ans et que deux ligne plus loin il écrit que Silvestre s'était fait engager bien avant sa majorité. Nous retrouvons là l'ambigüité du langage de Mgr. Le TOURNEAU qui ne tient compte que de l'entrée dans l'Oeuvre " de jure " à 18 ans alors , nous l'avons vu plus haut , qu'il passe sous silence la lettre demandant l' adhésion, et la cérémonie de l'Admission qui ont lieu bien avant la majorité et qui font d'un mineur un membre de l'oeuvre " de facto '. il n'y a donc nulle contradiction dans ce qu'écrit Thierry OBERLE.

Quant à l'éloignement de la famille, il faut considérer trois situations bien distinctes :

a)-Celle de jeunes qui "sifflent" vers 14 ans et demi ou plus, mais avant le baccalauréat".. Ceux-là restent bien évidemment dans leur milieu familial et scolaire. Mais, nous l'avons vu, ils taisent souvent leur demande d'engagement à leurs parents et nombreux sont les témoignages de familles qui observent un grand changement de comportement de leurs enfants à leur égard. ils ne se confient plus avec la même spontanéité, beaucoup deviennent secrets et lointains, l'influence du Club et du "numéraire traitant" attaché à sa conquête, en s'insinuant dans son intimité, en provoquant ses confidences, remplace peu à peu celle des parents.

b) Quand le jeune atteint 18, 19 ans, après son baccalauréat et son oblation il quitta alors sa famille, le centre devient son lieu d'habitation. Cette exigence a souvent créé de vraies ruptures entre des jeunes et leur famille. Rien que dans mon centre, j'en ai vu deux cas graves. Les parents ont fini par s'habituer à cette situation et la tension avec leur enfant a diminué, mais bien sûr ils restent très hostiles à l'oeuvre.

c) Troisième cas. Le jeune vit à l'étranger bien avant son oblation. En général, ses parents l'avaient inscrit dans un foyer d'étudiants catholique, ignorant peut être qu'il s'agissait d'un Foyer O.D. ou même s'ils le savaient, ne se doutant pas à quelle pression psychologique allait être soumis leur enfant. Bref, sous l'emprise d'un enthousiasme bien facile à provoquer chez un jeune qui souhaite faire quelque chose de beau de sa vie le jeune signe sa demande d'admission et avertit ses parents après coup. Ce fut mon propre cas. Aussitôt commence la formation à l'esprit de l'Oeuvre comme je l'explique plus haut.
Avant l'Oblation, j'ai pu revenir une ou ceux fois en visite chez mes parents non sans m'être entendu dire par ma directrice" Tu n'as pas besoin d'y rester trop longtemps "

Après l'Oblation, il est très difficile de revenir chez soi car l'emploi du temps est fait de telle sorte que la future numéraire est surchargée d'obligations, dont celle de se trouver au foyer pour les grandes fêtes de l'Eglise . Noël, Pâques, etc ... et en plus, pour les nombreuses fêtes intimes de l'Oeuvre telles que l'anniversaire du Fondateur (et de son successeur), l'anniversaire de son baptême, de sa première communion etc... elles sont très nombreuses. Enfin, les grandes vacances d'été sont consacrées au cours annuel de formation. J' avais dit à mes parents que ce cours: annuel d'été avait lieu pendant la durée des 5 années de formation, mais j'avais omis de dire, selon le conseil reçu de ma directrices, qu'il durait toute la vie. Le cycle d'enseignement est de 3 ou 4 années, après quoi, on le recommence du début. J'avais également omis de leur dire que je n'avais plus le droit de coucher à la maison. Pour expliquer ce fait, j'avais pris pour prétexte que la messe très matinale à laquelle je devais assister m'obligeait à un lever eux aurores et que coucher au centre m'éviterait de la fatigue puisque c'est là que la messe est célébrée. Jeprécise que cela se passait quand je revins, une fois en deux- ans, au pays de mes parents, où l'on me conseilla de me rendre pour parler intérêts. Les repas et les nuits que je passais au Foyer opus Dei, m' étaient facturés comme si j'avais été à l'hôtel. Pour des familles à revenus modestes, c'est un aspect qui a aussi son importance. Enfin, quand je faisais mes études dans mon Foyer de l'étranger, j'avais pris l'habitude d'écrire deux fois par semaine à mes parents. Ma directrice m'avait alors priée de n'écrire qu'une fois par semaine, car disait-elle, les parents doivent s'habituer à ce que les enfants quittent le nid familial et fassent leur vie. Quand, dans leurs lettres, mes parents me posaient des questions sur ma vie dans l'Oeuvre, je devais en parler à ma directrice et elle me disait ce que je devais répondre. Mon courrier, comme celui de toutes mes compagnes était lu, et une fois, il m'a été confisqué à mon insu. Il s'agissait d'un résumé avec photos des nouvelles familiales au moment de Noël. Quant aux lettres que j'écrivais, je devais les déposer ouvertes sur le bureau de ma directrice. A ce régime, les liens familiaux se distendent d'autant plus qu'à la fin des études, l'Oeuvre envoie parfois ses numéraires à l'étranger.


POINT 4. Accusation de prosélytisme exacerbé.

Commentaire : Mgr. Le TOURNEAU esquive l'accusation sous prétexte qu'elle est très générale, et ne repose sur aucune preuve.

Une ancienne numéraire ne peut qu'être ulcérée car une telle attitude alors qu'elle a été elle-même,mère victime de ce prosélytisme pratiqué par les membres de l'Oeuvre qui l'ont fait " siffler " dans une impulsion d'enthousiasme bien facile à provoquer chez une fille de 18 ans, sans se préoccuper si cet engagement correspondait à une vocation réelle et durable. Au contraire, il ne se passait pas de jours sans qu'on ne le dise qu'il fallait à tout prix entretenir et préserver cette grâce insigne de la vocation. Puis la future numéraire est à son tour initiée à la meilleure manière de gagner des adeptes pour l'Oeuvre.

Elle doit essayer d'obtenir trois demandes d'admission par année. Le chiffre est bien précis Ce prosélytisme, terme employé dans l'Oeuvre au même titre que celui d'apostolat, fait l'objet des conversations biquotidiennes des numéraires lors de leurs réunions ,après les repas, sous la conduite de la directrice. Chacune doit dire quelle personne, quelle jeune elle a pu contacter, quels sont, parmi ces personnes ou ces jeunes, ceux qui sont susceptibles de " siffler", que faire pour hâter leur décision... etc. Après des années de ce genre de conversations biquotidiennes je me sentais excédée, da cette quête incessante.

Mgr. Le TOURNEAU dit que l'on pourrait qualifier ce comportement d'évangélisation audacieuse ou d'apostolat tenace . Certes l'évangélisation est un devoir normal pour tout catholique. Elle a été pratiquée avec succès par las apôtres et leurs successeurs et par les grands ordres religieux, suscités par le St Esprit pour répondre aux besoins d'une époque. On peut citer les bénédictins apportant l'évangile à la faveur de la formation professionnelle, dans l' agriculture surtout, qu'ils prodiguaient aux jeunes comme aux adultes. Ces couvents ont été des foyers de civilisation et de prospérité dans l'ordre social chrétien, après l'effondrement de l'ordre romain. C'était des modèles d'évangélisation audacieuse et réussie. A l'Opus Dei, on ne nous parle pas d'évangélisation, mais d'apostolat, synonyme, le le plus souvent de prosélytisme à la recherche de nouveaux membres. C'était notre souci constant, obsédant , à tel point que j'en arrivais a avoir le sentiment qu'il ne s'agissait pas tant de rapprocher les gens de Dieu que de les attirer dans l'Oeuvre, Dieu devenant alors un prétexte.

Mr. la Chanoine TROUSLARD parle d'une"approche masquée" ( allusion aux membres qui ne révèlent pas leur appartenance à l'Oeuvre ), Mgr Le Tourneau demande que l'on n'oublie pas da respecter une distinction fondamentale entre l'activité d'un membre dans le cadre de sa liberté personnelle et les activités faites par l'Opus Dei lui-même. Or, toutes las activités organisées à l'intérieur comme à l'extérieur d'un centra O.D. visent toujours à rencontrer plus de personnes pour faire connaître l'Opus Dei pour étendre son influence, à recruter de nouveaux membres et à récolter des fonds. Peut-on dire qu'un membre O.D. agit dans le cadre da sa liberté personnelle? Il ne peut agir que sous l'inspiration de l'Oeuvre perce qu'il en vit tellement l'esprit qu'il est l'Opus Dei , toute sa formation ayant tendu vers ce but. Donc, que ce soit un membre qui promeuve une activité personnelle, eu que ce soit l'oeuvre elle-même, on peut dire que cela revient au même dans la pratique.


POINT 5. Les faux laïques

Commentaire Pour Mgr. Le TOURNEAU, les membres laïcs de l'O.D, vivent comme tous les baptisés qui participent à la mission da l'Eglise.

C'est vrai pour les surnuméraires qui se marient, élèvent une famille, pratiquent librement leur profession. Ceux-là peuvent être effectivement considérés comme de vrais laïcs, appuyés dans leur apostolat par les moyens spirituels mis à leur disposition par l'Oeuvre. En compensation les surnuméraires soutiennent l'Oeuvre en lui consacrant une grande part de leurs temps libres, par leurs grands efforts pour recruter des membres et par leur soutien financier.

Par contre, il est curieux de constater que Monseigneur Le TOURNEAU demande au Père TROUSLARD s'il a fréquenté personnellement des membres numéraires de l'Oeuvre afin de constater que " leur engagement avec l'Opus Dei ne les sépare pas des conditions normales de vie ( Mgr. Le TOURNEAU n'ajoute pas " de la vie " qui est le terme exact employé par l'abbé TROUSLARD ) et il précise que cet encagement"'ne s'inscrit pas dans la ligne du triple voeu de pauvreté, chasteté et obéissance" car les numéraires ont fait la promesse de vivre dans la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils vivent en communauté, ne se marient pas, tous leurs gains et une partie de leurs biens appartiennent à l'Oeuvre et selon mon ex-directrice, ils vivent des exigences plus grandes encore que celles des ordres religieux, Où se situe donc la différence entre leur vie et la vie religieuse ? Et Malgré ce qui est proclamé dans les écrits de l'O.D., ils ne sont pas vraiment libres de pratiquer leur comme ils le désirent. J'ai bien connu le cas d'un numéraire qui n'a pu prendre un poste de travail qui lui aurait permis de faire face à "ses nobles engagements d'ordre temporel" pris avant son entrée dans l'Oeuvre et que le Fondateur dit respecter. On l'a "priée" de faire tout autre chose dans un pays lointain. Ce manquement à tout ce qui nous est dit et redit dans l'Oeuvre sur la liberté personnelle des membres, entre autre dans le domaine de la profession m'a contrainte à faire le douloureux constat que je ne vivais pas en tant que numéraire, l'état de vie laïque que j'avais cru embrasser sur la foi de ce qui est affirmé avec force par tous les responsables . Cette déception, ajoutée à bien d'autres m'ont décidée à quitter cette Oeuvre où je ressentais l' ambiguïté d'un langage toujours mi-vrai, ni faux .


POINT 6: Le cléricalisme

Commentaire: La direction ce l'Oeuvre est cléricale, c'est une évidence et Mgr Le TOURNEAU le confirme .

Monseigneur Escrivà de Balaguer l'a organisée entièrement avec minutie et a donné des directives pour les moindres détails . Mgr. Le TOURNEAU souligne que les directeurs sur le plan local sont des laïcs. Or, ces directeurs sont toujours des numéraires et nous avons vu, au point 5, combien peu différait leur vie de celle des religieux.

Ces directeurs laïcs sont conseillés pour ne pas dire contrôlés par le " conciliarius" prêtre responsable des centres de l'oeuvres d'une région O.D. ou d'un pays. Il reçoit lui-même ses directives de la direction générale de l' oeuvre à Rome, qui est composée de clercs. La distinction que fait l'Opus Dei entre le pouvoir spirituel des clercs et le pouvoir temporel ces laïcs de l'œuvre se vérifie très peu dans la pratique.


POINT 7: Le professionnalisme

Commentaire Le Fondateur, par son affirmation écrite et proclamée que l'homme a été créé pour travailler"va à l'encontre de l'enseignement de l'Eglise qui nous apprend, selon la définition du catéchisme que ' l'homme a été créé pour connaître Dieu, l'aimer, le servir et mériter ainsi le bonheur du Ciel ". Jésus lui-même ne nous enseigne-t-il pas que Marie a choisi la meilleure part. qui ne lui sera pas enlevée, alors que Marthe s'inquiète de beaucoup de choses.(. .)

Le travail est certes une nécessité mais qui doit avoir sa juste place. La position de Monseigneur de Balaguer n'est pas sans développer dans l'Oeuvre une sorte de mystique du travail. Il est devenu un instrument de sanctification. Le rythme des activités des numéraires est vraiment épuisant. Le fondateur a clairement dit:" Les numéraires doivent mourir pressés comme des citrons". Il est certain que nous n'avons aucun moment de répit et nous ne pouvons plus, la fatigue aidant, prendre le recul nécessaire pour développer des réflexions ni même des méditations spirituelles personnelles, certains esprits critiques y ont vu là une intention délibérée.

Nous devons rechercher la perfection en tout, ce qui est très louable si on ne tombe pas dans le travers de la maniaquerie ou la recherche du rendement à tout prix. Ce souci d'efficacité se retrouve au niveau de notre apostolat. Les membres deviennent de véritables professionnels pour recruter de nouveaux adeptes. Les méthodes d'apostolat sont bien mises au point, codifiées et leur sont enseignées sans relâche. En premier lieu, établir des contacts humains, se rendre sympathique, inspirer l'amitié. On nous apprend les arguments à utiliser pour éveiller les personnes à un premier niveau de valeurs humaines pour peu à peu les élever à un niveau spirituel. Cette manière de procéder semble parfaitement légitime , mais si ces efforts d'attention et d'amitié ne débouchentpras sur un engagement de la personne contactée dans l'une des possibilités offertes par l'oeuvre, on nous conseille de distendre nos liens et de les faire cesser, pour tourner nos efforts vers d'autres plus susceptibles de se laisser convaincre. Quelle charité est-ce là que celle qui opère un tri des personnes à évangéliser par souci d'efficacité? D'autres moyens " professionnels"sont mis à notre disposition : films de propagande, brochures, clubs dont les activités culturelles et sportives attirent les jeunes sans compter les invitations à des thés, des conférences, des excursions, et le fameux voyage à Rome.

Quant aux écoles et aux universités,qu'elles appartiennent à l'oeuvre ou non, ce sont de précieux viviers où pécher les poissons les plus intéressants. Cet apostolat intéressé m'a toujours laissé un grand malaise.


POINT 8 - L'aspect financier.

Commentaire : Mgr Le Tourneau reconnaît que les membres de l'œuvre sollicitent beaucoup d'aide de nature financière, comme le font, ajoute-t-il, nombre d'associations et institutions chrétienne. Est-on en droit de critiquer l'Opus Dei sur ce point? Cependant tous ceux qui ont été sollicités par l'œuvre peuvent constater le différence des méthodes employées, L'O.D. est beaucoup plus " agressif "dans sa quête d'argent. Les membres sollicitent des sommes déterminées, souvent élevées. Ma famille a été sollicitée de la sorte. Des surnuméraires m'ont confié qu'ils sont assaillis de demandes qui vont jusqu'aux reproches véhéments de ne pas assez donner. Des personnes ayant prêté de l'argent à l'Oeuvre à sa demande,ont toutes les peines du monde à se faire rembourser. Bien des objets prêtés ne sont jamais rendus sous divers prétextes.

Il y aurait beaucoup à dire sur les testaments que les numéraires doivent signer, après les cinq ans de formation, lors de leur engagement définitif , mais aussi bien avant ,sur l'accaparement d'objets de valeur tels que bijoux, vêtements, appareils de photo, magnétophones; montres que l'on " prie" les numéraires de donner et comme nous avons promis obéissance et que nous sommes devenus" Crus Dei" l'idée même de refuser ces Ions est inimaginable. Les gains des numéraires reviennent à l'Oeuvre. Ceux-ci prélèvent juste le strict nécessaire pour leurs frais professionnels et leur entretien personnel, mais ils doivent en rendre des comptes rigoureusement exacts.Ce côté financier revêt bien d'autres aspect, qu'il serait trop long de commenter ici.

Enfin, il faut constater que, dans l'Oeuvre, tout se paye y compris l'assistance spirituelle. Mgr. Escriva de Balaguer écrit dans " Chemin "(n°979): Pratique l'apostolat de ne pas donner car ce qui coûte peu n'est pas apprécié. Les numéraire n'ont pas le droit d'aider leurs parents en cas de besoin. C'est l'oeuvre qui s'en charge, mais, comme le souligne Maria Augustias Moreno dans son livre (v.ci-après bibliolog) suite à des enquêtes minutieuses et souvent si humiliantes que bien des parents préfèrent se passer d'une telle aide. Enfin, il est connu que l'Opus Dei n'a pratiquement pas d'activités caritatives.


POINT 9 - L'infiltration

Commentaire : Mgr. Le TOURNEAU récuse ce terme. Il s'agit dit-il de changer la Société peur la rendre plus humaine et plus chrétienne comme c'est le devoir de tout catholique et les membres O.D. n'ont pas besoin de"s'infiltrer " dans la société puisqu'ils en font partie intégrante en tant que citoyens.

Mais Mgr.Le TOURNEAU ne parle pas du fait que les membres, dans un premier temps, doivent taire leur appartenance à l'Opus Dei. Cette exigence est justifiée selon Mgr. de BALAGUER par la pratique de la vertu d'humilité. Il nous dit que notre appartenance à l'Oeuvre est une affaire strictement personnelle dont nous n'avons pas à parler. Sa divulgation pourrait nous entraîner au péché d'orgueil. Pourtant cette appartenance nous marque d'un sceau, nous façonne et nous oblige à jouer un rôle très actif au sein de cette société que nous avons le devoir de rendre plus humaine et plus chrétienne et nous devons rendre des comptes de cette activité à l'Oeuvre dont nous faisons partie.De par cet engagement, nous ne sommes pas un citoyen comme les autres. Prenons le cas de l'employeur d'un ou d'une numéraire. Ce membre là est tenu de dire à son directeur tout ce qui le concerne, y compris sur le plan professionnel. Un article des statuts l'y oblige. On comprend aisément qu'un tel état de fait peut avoir de graves conséquences. Il faut remarquer aussi que toutes les entreprises de l'Oeuvre portent des noms " neutres " et qu'aucun signe extérieur n'indique qu'elles sont dirigées par l'Opus Dei ou par un membre affilié . On peut donc avoir des contacts avec l'Opus Dei, nouer des relations avec ses membres sans le savoir. C'est en ce sens que le terme d'infiltration se justifie.


POINT 10 - Le culte da maître

Commentaire : Une fois de plus Mgr. Le TOURNEAU ignore le fond de la question quand il perle du culte public du " Bienheureux JOSEMARIA

La béatification qui justifie ce culte du Fondateur de l'opus Dei est très récente. Or, le culte " du Père " dans l'oeuvre,a débuté dès sa fondation et il est considérable. (Son successeur a hérité de cette ferveur. J'ai vu beaucoup de mes compagnes s'extasier sur ses photos, s'installer à ses pieds et le regarder avec adoration lors de ses visites.) Dans l'Oeuvre on fait des fêtes pour tous les événements de la vie du Fondateur. Il n'avait qu'à exprimer un désir pour qu' on le satisfasse sur le champ, même au prix de dépenses . M. Augustias Moreno (ref. citée) qui était numéraire pendant 14 ans et qui a bien connu Monseigneur de BALAGUER, rapporte à ce sujet beaucoup de faits qui illustrent bien ce culte voué au" Père". Bon nombre de personnes font toucher au tombeau du Fondateur leurs objets de piété : médailles, chapelets, livres de prière, pour emporter avec elles un peu de sou "aura" et cela, déjà, bien avant la béatification.," Cela fait plaisir au Père ", il faut faire plaisir au Père sont des recommandations qui reviennent sans cesse dans la bouche des membres, à tel point qu'un père demandait à sa fille numéraire :" Mais enfin enfin, faites-vous plaisir au Père eu à Dieu ?

Le second alinéa du point 10 a pour objet l'obligation de se confesser à un prêtre de l'Opus Dei " . Il n'est pas interdit en effet à un membre O.D. de se confesser à un prêtre de l'extérieur, mais le catéchisme de l'Oeuvre dit formellement que ce serait faire preuve de mauvais esprit, donc ne pas être Opus Dei,que d'aller se confesser à un prêtre extérieur parce que le prêtre de l'Oeuvre est le pasteur qui connaît ses brebis, doncc'est auprès de lui que ces brebis retrouveront le réconfort et la paix alors qu'un berger étranger ne connaîtra pas leur façon de vivre, leurs normes et leurs éventuels problèmes. Bien évidemment quand on vit dans l'Oeuvre et qu'on vous inculque sans cesse qu'il faut être OPUS DEI, aller vers un prêtre extérieur reviendrait à commettre une faute grave que notre propre conscience interdit.

Si des membres se trouvent ou vivent éloignés d'un centre, ils peuvent naturellement se confesser à un prêtre étranger, mais en général ce prêtre auré été contacté par l'Opus Dei et lui est favorable. Les prêtres de l'Oeuvre peuvent en effet faire de l'apostolat auprès d'autres prêtres qui ont la possibilité d'adhérer à la Société Sacerdotale de la Ste. Croix, non pas en tant que membres effectifs, mais rattachés selon un statut spécial. Donc, quand un membre pour des raisons d'éloignement ne peut se confesser à un prêtre O.D., en s'arrange, dans la mesure du possible, pour qu'il s'adresse à un prêtre favorable à l'Oeuvre.


AVANT DE CONCLURE .

Avant de conclure, Monseigneur Le TOURNEAU reconnaît que des membres de L'Opus Dei ont pu commettre, comme tout un chacun, des erreurs ou des imprudences , qu'on doit se garder d'imputer aux directives de l'Oeuvre. Ayant été formée pendant plusieurs années dans un Foyer O.D. et ayant eu l'occasion d'en connaître d'autres en différents pays, j'ai pu constater que tout ce que l'on nous y enseigne et la façon dont en y vit, les méthodes que l'on y applique sont rigoureusement identiques partout. Mgr. Le TOURNEAU ne peut l'ignorer.

Que refletent alors les termes de sa lettre ?

  • de l'hypocrisie ? mais pour cacher quoi et dans quel but ? Ce que laisse entrevoir une telle hypothèse,si elle méritait d'être retenue serait bien inquiétant.
  • un refus inconscient de regarder en face des faits trop douloureux qui, s'ils étaient perçus au niveau de la conscience, obligeraient à des révisions déchirantes ?
  • une troisième hypothèse qui approcherait sans doute mieux la vérité serait celle d'un zèle si ardent au service de Dieu pour lui redonner le monde, qu'il transfigurerait les moyens utilisés pour atteindre ce but sublime. La désinformation des familles et des futurs numéraires ( pour ne parler que de celle que je connais ) deviendrait, à la lumière de ce zèle ardent, une méthode pédagogique légitime, afin de ne pas priver des jeunes de la grâce insigne de la"vocation " Sans cette " prudence les exigences de l'Oeuvre, exposées sans préparation risqueraient, faute d'être comprises,de rebuter un éventuel postulant qui serait ainsi privé de la possibilité de découvrir la grandeur de la mission à laquelle on l'appelle.

Pour la réaliser pleinement, il faut envoyer beaucoup d'ouvriers très qualifiés à la moisson, ce qui justifierait l'apostolat tenace mais qui embauche vraiment ces ouvriers : l'Oeuvre ou le " Maître de la moisson" ? Pour les membres, comme je l'explique plus loin, il n'y a pas de différence puisque l'Oeuvre est Oeuvre de Dieu (= OPUS DEI ). La quête agressive de moyens financiers relève de cette même conviction.

Pourtant, les grandes oeuvres de l'Eglise ont été fondées dans un authentique esprit de pauvreté, dont le fils de Dieu le premier, nous a donné l'exemple On sait ce qui est arrivé aux Templiers, pour ne prendre que cet exemple, pour s'être laisser séduire par la richesse et la puissance temporelle. Or, si les numéraires vivent dans une totale abnégation, l'Oeuvre ne parait pas partager cet esprit de pauvreté quand on regarde ses installations souvent luxueuses et ses nombreuses réalisations d'ordre temporel. L'Oeuvre suit-elle fidèlement le chemin du Seigneur, Lui qui s'est proclamé la voie, la vérité et la a vie ? On est bien obligé de répondre que non

  • le recrutement des membres ne se fait pas dans la clarté des enfants de lumière mais apparaît, aux regards extérieurs, plutôt comme l'habileté des fils des ténébres . L'église n'a jamais varié sur ce point : la fin ne justifie pas les moyens.
  • l'Oeuvre pratique la coercition, que le Fondateur appelle "la sainte coercition " . Or, jésus n'a jamais forcé la conscience de personne.
  • le Christ demande un langage clair : que votre oui soit oui. L'Oeuvre ne publie pas ses statuts ni ses bilans financiers et conseille aux membres de cacher bien des choses. Le mensonge par omission y existe.
  • Enfin, le Christ a vécu dans une grande simplicité. Il n'a jamais recherché ni la richesse, ni le pouvoir temporel.

Pourtant, tous les numéraires et autres membres que j'ai connus sont des personnes admirables de foi, de dévouement, d'oubli total d'elle-même. Elles n'ont pas , pour la plupart, conscience que le chemin de l'Oeuvre s'écarte de la voie du Christ. Là, sans doute est la faille qui provoque tant d'incompréhension entre ceux qui vivent à l'extérieur de l'oeuvre et ceux qui vivent à l'intérieur. Je reconnais que moi aussi, j'ai été aveuglée pendant des années bien que parfois je me sois sentie choquée par certaines pratiques.

Mais comme on nous persuade sans cesse que TOUT, DANS L'OEUVRE EST VOULU PAR LE FONDATEUR QUI TIENT SA MISSION DE DIEU-MEME. ET QUE, PAR CONSEQUENT IL A RECU LA GRACE DE CONNAITRE LE PLAN DE DIEU POUR SON OEUVRE ET POUR CHACUN DE SES MEMBRES, ET QUE CETTE MEME GRÂCE EST ETENDUE AUX DIRIGEANTS ET RESPONSABLES POUR TOUT CE QUI CONCERNE CEUX QUE DIEU CONFIE A LEURS SOINS, les membres O.D. ne peuvent voir les enseignements et les méthodes de l'Oeuvre que sous l'angle d'une foi absolue en leur excellence. Dans cette optique, les bavures ne peuvent donc provenir que de faiblesses et d'erreurs humaines. Cela exclut toute idée de critique ou de réforme.

Il faut souvent un événement fortuit ou une intervention extérieure pour prendre conscience que nous subissons de graves pressions spirituelles et psychiques, infligées par des supérieurs convaincus de la sainteté de leur mission et de la légitimité de leurs méthodes. ils sont en quelque sorte éblouis pas l'Esprit de l'Oeuvre et le culte voué à son Fondateur ce qui provoque comme un enfermement du groupe, pour reprendre l'expression du Chanoine Trouslard C'est ainsi que nous sommes maintenus dans un état de vie pour lequel nous n'avons pas la vocation. Certes, il existe parmi nous, des vocations bien réelles, c'est-à-dire un appel personnel de Dieu, mais pour combien d'autres, appelés par l'Oeuvre, cette " vocation " dont on cherche à nous persuader à longueur de jours et d'années n'est qu'une lourde chappe appliquée sur nos épaules sans discernement, et ce qui est plus grave, sans même un souci de discernement, sous laquelle nous étouffons et qui finit pas nous écraser si nous ne réagissons pas.

Combien de larmes versées en silence, combien de douleurs cachées par nos sourires de nos manifestations d'amitié car la joie et l'amitié font aussi partie de nos normes. Mais que ces amitiés soient vraies ou factices et nous savons que nous devrons les rompre au nom de l'efficacité de notre apostolat. Seuls restent dignes de nos attentions ceux et celles qui pourraient être amenés à s'engager ou à participer à des activités de l'Oeuvre.

Quand des doutes nous assaillent et que nous les confions à nos supérieurs nous recevons toujours la réponse . " c'est parce que tu manques de foi et de générosité. Nous nous en persuadons et intensifions prières et mortifications.

Mgr. Le TOURNEAU reproche enfin au Chanoine TROUSLARD son sectarisme " parce qu'il accuse et juge l'oeuvre sur des témoignages extérieurs sans avoir écouté les Intéressés. il me semble que la teneur de la lettre de Mgr. Le TOURNEAU démontre amplement que consulter les intéressés ne pourrait apporter aucun élément qui puisse modifier les appréciaitons du chanoine Trouslard . J'ai entendu les arguments qu'utilise Mgr Le Tourneau de la bouche de tous les responsables de l'Oeuvre.

Pourquoi Mgr. Le TOURTEAU n'essaie-t-il pas de s'interroger sur les raisons qui ont amené bien des numéraires à quitter l'oeuvre ? Pourquoi l'hostilité de tant de familles s'est-elle éveillée ? Pourtant toutes ces familles, comme la mienne, tous ces jeunes qui se sont engagés comme moi, ont été au début enthousiasmés pas l'idéal de sainteté dans la vie de tous les jours et la vie professionnelle proposé par l'Oeuvre, avec tout son appui pour le réaliser quelle merveille! Certes, l'Eglise œuvre précisément dans ce but là, c'est sa tâche essentielle que de nous amener au salut éternel, destinée de toute vie mais l'Opus Dei nous est apparu comme l'institution " spécialisée" suscitée par le Saint Esprit pour répondre au désarroi spirituel de la société moderne, de même qu'étaient apparus les grands ordres religieux aux époques antérieures pour satisfaire d'autres aspirations.

Depuis le concile surtout, de grands pans de l'Eglise ne parlent plus de la même voix: résistance ouverte ou larvée à Rome, innovations liturgiques,schisme de certains parmi les plus fidèles alors que des évêques peuvent se permettre, sans être sanctionnés, des actes et des paroles manifestement hérétiques.

Ces familles, ces jeunes ont vu dans l'oeuvre le lieu privilégié où l'on reçoit un enseignement catéchétique et théologique enfin digne de ce non et d'où allait partir la nouvelle évangélisation voulue par le Pape. D'où vient que ces familles et ces jeunes se sont douloureusement éloignés, séparés de l'Oeuvre ?

Selon l'Esprit opus Dei, tous ceux qui critiquent l'Oeuvre ne peuvent qu'être des ennemis de l'Eglise . C'est faux, Monseigneur. Tous ces gens aiment l'Eglise et souffrent oh! combien de ne plus trouver en elle le guide sûr et vigilent qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être. Tous avions la certitude de l'avoir retrouvé dans l'Opus Dei, institution d'Église. Comment ces familles, ces jeunes auraient-ils pu ne pas ressentir une cruelle déception en constatant que la réalité qu'ils ont découverte dans l'oeuvre ne correspondait pas à ce que ses responsables disent et écrivent d'elle ? Comment ces familles ne s'indigneraient-elles pas en réalisant que ces jeunes, leurs enfants se sent engagés sans les avoir consultées ni même averties auparavant, sans avoir eu communication des statuts, sans rien savoir des obligations qui seraient les leurs, les normes à ment pratiquer ?Comment, dans ces conditions leur vocation pourrait-elle être réelle alors qu'ils ne l'ont pas acceptée en toute connaissante de cause, mais seulement à la faveur d'une accoutumance aux étapes savamment codifiées ? Comment ces familles ne se seraient-elles cas senties déchirées par le changement d'attitude et de langage, par la désaffection et l'éloignement de leurs enfants qu'elles ne voyaient presque plus ?

Vous demandez des preuves Monseigneur, mais la généralité de ces critiques qui se répètent inlassablement de la part de gens qui ne se connaissent pas, qui vivent dans des pays différents n'en est-elle pas une, et la meilleure qui soit?

Vous êtes prêt à pardonner dites-vous.... mais à pardonner quoi ? Que des yeux se soient ouverts alors que les vôtres restent obstinément fermés ? que des voix s'élèvent pour rétablir la vérité et dénoncer des agissements qui font beaucoup de tort à l'Eglise ?

Je puis vous dire que ceux qui vous ont quitté, ces jeunes, ces familles sigravement déçus vous reviendraient avec joie et l'espoir au coeur si l'Opus Dei, par une attitude de parfaite transparence, de loyauté dans ses méthodes d'apostolat, par sa sincérité dans l'amitié, par la chaleur de sa charité rétablissait un climat de confiance qui permettrait à tous de ne plus ressentir l'affreuse certitude d'avoir été piégés.

Je sais très bien que vous nous répondrez qu'on ne peut admettre toutes ces critiques qui flétrissant une Oeuvre que la hiérarchie de l'Eglise, les derniers Papes ont approuvée.... mais qu'ont-ils approuvé ? Le visage officiel de l'Opus Dei qui leur est connu, mais certainement pas sa face cachée qu'il est bien difficile de discerner de l'extérieur puisque vous-même, qui vivez à l'intérieur de cette oeuvre, ne la voyez pas ou ne voulez pas la voir.

Soyez sûr, Monseigneur, que bien que séparés de l'Oeuvre, nous continuons à prier pour elle afin qu'elle ne déçoive plus les espoirs peur l'Eglise que tant de personnes sincères, convaincues, généreuses avaient mis en elle.

Novembre 1993