Absence caractéristique de Javier Echevarria, double Grand Chancellier, aux Rencontres Européennes des enseignants universitaires

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Témoignages d’universitaires (Italie, 6 juillet 2007)


Du 21 au 24 juin 2007 un congrès réunit dans la capitale italienne plus de deux mille professeurs de toute l’Europe, à l’occasion du cinquantième anniversaire des traités de Rome (1957-2007) » Cette rencontre, organisée en collaboration avec La Commission des épiscopats de la Communauté européenne, le Conseil pontifical pour la culture, la congrégation pour l’Éducation catholique, la Commission européenne, se tenait sous le haut patronage du président de la république italienne. Son thème : Un nouvel humanisme pour l’Europe. Le rôle des universités suscita des interventions de très haut niveau. L’évènement avait son siège à l’université pontificale de Latran, mais des sessions se déroulèrent également dans différentes universités romaines, tant civiles qu’ecclésiastiques.

Parmi les participants figurent d’importantes autorités civiles – des institutions européennes, italiennes et romaines – ecclésiastiques – le Saint-Siège et de nombreuses conférences épiscopales européennes – et académiques – beaucoup d’universités européennes, publiques et privées. Benoît XVI reçut les participants du congrès en audience dans l’auditorium Paul VI le samedi 23.

On remarqua tout particulièrement l’absence de Monseigneur Javier Echevarria, prélat de l’Opus Dei et Grand Chancelier de deux universités européennes : l’université de Navarre à Pamplone et l’université pontificale de la Sainte Croix à Rome. Il n’apparut même pas à l’audience générale, bien qu’il réside à Rome et qu’il y fut présent à cette date. Je reconnais que les gens très importants – spécialement ceux qui ont plus de soixante-quinze ans – ont un emploi du temps très chargé et de sérieuses responsabilités qui peuvent pleinement justifier une telle absence. Peut-être a-t-il eu un accident ou un imprévu de dernière minute. Il est toutefois légitime de se demander pourquoi un double grand chancelier habitant à Rome et particulièrement intéressé par la vie universitaire et la question du respect de la dignité humaine en Europe, n’a pas assisté au moindre événement de cette grande rencontre européenne.

L’après-midi du samedi 23 juin, outre les activités académiques et liturgiques et les réunions scientifiques, étaient organisés différents événements dirigés par les « réalités ecclésiales » afin d’exposer l’apport de chacune d’elle à la constitution de l’humanisme européen. La conférence épiscopale espagnole, représentée par Msr Agustín Cortés Soriano et Msr Jaume Pujol Balcells, analysait « L’identité et la mission du professeur catholique dans l’université d’aujourd’hui ». La conférence organisée par la Compagnie de Jésus traitait de « l’influence des universités de la Compagnie de Jésus sur la culture européenne » ; la conférence organisée par le Chemin Néocathécuménal, à laquelle participait Kiko Argüello en personne, avait pour thème « Université et nouvelle évangélisation ». La conférence organisée par les Focolari et présidée par Giuseppe Zanghi étudiait « La spiritualité de l’unité pour un humanisme rénové ». La conférence organisée par le MIEC - Pax Romana abordait la question du « Travail en entreprise : la dimension européenne d’une nouvelle citoyenneté solidaire ». La conférence organisée par le mouvement Communion et Libération, avec les interventions de Marco Bersanelli et de Carmine Dimartino, étudiait les notions « Université et raison ». La conférence organisée par les Missionnaires Identes étudiait « La conception mystique de l’homme ». La conférence organisée par la Fraternité Missionnaire Verbum Dei toucha à « La transmission des valeurs dans la relation enseignant-enseigné ». La conférence organisée par l’université européenne de Rome et présidée par Álvaro Corchera, directeur général de la Légion du Christ et du mouvement Regnum Christi développait « La figure du professeur universitaire ». Et la conférence organisée par la Communauté de Sant’ Egidio questionnait « La foi et la raison dans la charité ».

On peut dire que l’Opus Dei brilla par son absence, en dépit d’être une « réalité ecclésiale » comme les autres, et bien que Le prélat, en tant qu’évêque, représente lui-même la plus haute « réalité ecclésiale » possible.

Voici une explication : l’Opus Dei n’aime pas qu’on le confonde ni avec un ordre religieux, ni avec un institut séculier – bien qu’il l’ait été pendant trente-cinq ans – ni avec les « nouveaux mouvements laïcs ». Selon la version officielle de l’Œuvre et ses fondements théoriques, un membre de l’Opus Dei se limite à vivre sa vocation chrétienne en remplissant les obligations correspondant à sa condition de baptisé, ni plus ni moins. C’est un chrétien ordinaire, comme les autres, vivant au milieu du monde et recherchant la sainteté. À ce titre, il ne peut être confondu ni avec une personne consacrée, ni avec les « nouveaux mouvements laïcs ». Cette théorie justifierait l’absence de l’Opus Dei aux événements cet après-midi du 23 juin 2007 à l’occasion de la « Rencontre européenne des professeurs universitaires ».

Le problème reste le bien-fondé de cette thèse. Celui qui l’a inventée n’y croit probablement pas. Voyons donc. Le fait d’être baptisé n’implique pas l’obligation de réciter tous les jeudis la prière Adorote devote, ni l’obligation de se confesser chaque semaine avec le prêtre désigné par les directeurs, encore moins le fait que Msg Echevarria se nomme « Père », puisque seul Dieu est le père d’un baptisé, et personne d’autre. Les obligations des membres de l’Opus Dei ne proviennent pas de la condition de baptisés des chrétiens courants, mais sont propres à une institution qui croit convenable et nécessaire d’imposer – ou recommander – de telles obligations à ses membres. Il est donc évident que les membres de l’Opus Dei fonctionnent dans le cadre du phénomène associatif de l’Église, qu’ils sont donc une « réalité ecclésiale » de plus.

La prélature de l’Opus Dei considère qu’elle n’est pas comparable à une association ou à un mouvement laïc. Elle se croit hiérarchique, juridictionnelle, et n’accepte d’être comparée qu’à d’autres réalités hiérarchiques : les diocèses, les vicariats territoriaux, les administrations apostoliques, etc. Elle l’affirme en dépit des indications contradictoires du code juridique de l’Église elle-même. Mais l’Opus Dei continue de prétendre être une structure hiérarchique, et pour cette raison, évite de se mêler aux autres. Il s’agit d’éliminer tout doute possible. C’est pourquoi les représentants de l’Opus Dei ne se mêleront à aucun événement auquel ils devraient assister au même titre que les autres réalités ecclésiales (par des discours, des entrevues, des livres, des pages Internet, leur vocabulaire, leurs règlements, etc.).

La prélature personnelle se cache comme si elle n’était pas une réalité ecclésiale : ce comportement est étonnant pour les autres croyants. Elle se laisse aussi dominer par un complexe de supériorité ridicule qui ne fait qu’apitoyer les autres.