Opus Dei, la longue marche

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Enquête de Jean-Michel Gaillard et Stéphane Khémis

Documentaire de 52 minutes réalisé en 1997 par Pierre Abramovici et produit par la "Cie des Phares et Balises" et France 3
L'Opus Dei est accusé de détenir les postes clefs au Vatican, d'avoir contribué à l'élection de Jean-Paul II et de dicter au Pape actuel sa doctrine autoritaire. On prête en effet à l'Opus Dei toutes les caractéristiques d'une "sainte mafia" conservatrice, à l'origine des plus noirs complots. La force de l'Opus Dei repose d'abord sur un catholicisme pur et dur et sur la discipline de ses 80.000 membres, répartis à travers le monde dans 87 pays. L'identité de ses affidés les plus célèbres reste cependant un secret. Quelle est la réalité de son pouvoir ? A-t-elle fait, comme on le dit souvent, l'élection de Jean-Paul II? Comment fonctionne l'"oeuvre de Dieu"? Sur quoi et sur qui reposent sa puissance et sa richesse ? Comment expliquer son indiscutable dynamisme qui a d'abord commencé en terre espagnole? C'est ce que se propose de faire ce documentaire en commençant par suivre les traces de son fondateur, José Maria Escriva de Balaguer, né au début du siècle dans un petit village d'Aragon, Barbastro.


Cette enquête montre l'histoire de l' Opus Dei à travers la personne de son fondateur, Escriva de Balaguer, et procède à une démonstration la plus fouillée possible sur la prise d'influence d'un mouvement né en 1928 et devenu en très peu de temps l'un des plus importants de l'église catholique moderne.

José-Maria Escriva de Balaguer est mort en 1975 . Sa béatification a couronné officiellement l'irrésistible ascension de l' organisation qu'il a fondée : l'Opus Dei , "l'Oeuvre de Dieu ".

L'Opus Dei compte aujourd'hui près de 85 000 membres, 1300 prêtres et 33 prélats et évêques.

Elle dépend directement du pape. L'Opus compte plusieurs universités, des dizaines de résidences d'étudiants, des écoles de toutes sortes, partout dans le monde. La particularité de l'Oeuvre c'est que, quoi qu'elle s'en défende, elle s'adresse à l'évidence à un certain milieu social plutôt privilégié.

A l'Opus Dei , on enseigne essentiellement les sciences techniques comme l'architecture ou le droit. Certes, on y enseigne aussi les sciences sociales mais depuis peu et de façon marginale. On préfère le management ou la culture d' entreprise.

L'Opus Dei a, dit-on, réhabilité cet argent si honteux dans le catholicisme traditionnel. Peut-être est-ce l'école de formation de la classe dirigeante catholique rompue aux mécanismes du capitalisme.

L'Opus Dei, c'est aussi un mouvement mystérieux, qui compte ou a compté dans ses rangs nombre de personnages importants parmi lesquels il y a eu et il y a encore des hommes d'États, des hommes d'influence dans les secteurs clé de l'économie ou de la politique.

Qualifiée de "Sainte Mafia" ou de "pieuvre" à l'origine des plus sinistres complots, sur quoi et sur qui repose sa puissance ? A t-elle fait comme on le dit l'élection de Jean-Paul II et quelle est la réalité de son pouvoir au sein de l' Église catholique ?

Pour comprendre cette histoire, l'enquête remonte dans le temps, en Espagne, dans les années 20. Dans cette monarchie espagnole traditionnelle dirigée par la noblesse, l'armée et l'Église.

L'Église à cette époque, c'est 20 000 moines, 60 000 religieuses et 35 000 prêtres. C'est aussi et surtout l'éducation. Elle y est prépondérante malgré l'existence d'écoles d'État. Mais l'enseignement y est médiocre.

Au début du siècle on avait fait le calcul que l'Église possédait un tiers des avoirs en capitaux du pays et si une partie des terres lui appartenant avait été sécularisées à la fin du siècle précédent, elle en possédait encore une grande quantité.

L'Église en Espagne, c'est une puissance, un pouvoir et c'est aussi pour certains une carrière.

C'est dans ce pays profondément catholique que le jeune José-Maria Escriva de Balaguer, né en 1902, fils de petits bourgeois désargentés, se destine à la prêtrise .

Il va entrer au séminaire dans une époque troublée pour l'Église d'Espagne. Périodiquement des flambées d'anticléricalisme secouent le pays. On brûle couvents et églises avec régularité. C'est la guerre entre cléricaux et laïcs. Dans ce contexte, le jeune homme a des idées bien arrêtées sur son avenir.

Selon l'histoire officielle, il a une vision le 2 octobre 1928, qualifiée de miraculeuse. De là, il crée un mouvement qu'il appelle l'Opus Dei (l'Oeuvre de Dieu ) .

Dans le contexte de l'époque, cela signifie que des catholiques doivent exercer leur foi, sans être visibles, dans la foule, anonymes simplement parce qu'en Espagne à l'époque l'hostilité envers les curés est trop violente .

Escriva ne crée pas un ordre religieux mais un mouvement catholique qui s'inscrit, forcément, dans la vie du pays.

1931. La monarchie s'effondre. La République est proclamée. Elle va s'accompagner d'une immense vague d'anticléricalisme. Être prêtre devient dangereux. On va attaquer et brûler couvents, séminaires et églises .

L'année suivante, le général Sanjurjo, chef de la Gardia Civil tente un coup d' état d'inspiration fascisant. Le coup est mené avec des jeunes étudiants et cadets des écoles militaires. Il échoue au bout de deux jours.

Escriva va, à cette occasion, accomplir un geste qu'il ne renouvellera jamais dans toute sa vie. Pendant plusieurs semaines, il va aller visiter les putschistes dans leur prison, parmi lesquels des jeunes gens qu'il connaît : les futurs membres fondateurs du mouvement.

L'Opus Dei, aujourd'hui, reconnaît la présence de ses fondateurs parmi les jeunes, engagés politiquement auprès de la Droite factieuse.

Le gouvernement multiplie les brimades contre l'Église notamment contre les jésuites finalement expulsés du pays. L' Opus Dei naissante se cache derrière la façade d' une école dirigée par Escriva . Il recrute ses membres parmi les élites, les étudiants, les universitaires et les professions libérales.

1936. La guerre d'Espagne va durer trois ans. À Madrid, Escriva survit dans la clandestinité. La vie d'un prêtre ne pèse pas lourd dans l'Espagne républicaine. Au cours de ces trois ans, 17 évêques sont fusillés, 3000 prêtres sont tués. Alors, Escriva fuit à Burgos avec un petit groupe de fidèles.

Burgos, en effet , c'est la capitale de guerre de Franco. Ici, Escriva retrouve le catholicisme en marche au nom de la Croisade, un terme utilisé par les rois catholiques contre les hérétiques. Et, Escriva et ses compagnons vont s'y fondre avec soulagement. D'autant plus qu'ils vont se porter volontaires et partir sur les différents fronts de la guerre.

Escriva, de son côté écrit un livre, futur best-seller religieux "Chemin" et développe une grande activité de contacts. Incontestablement, Escriva a choisi son camp. Et son camp c'est le camp franquiste... C'est là, en tout cas, que les contacts des années de guerre seront les plus utiles par la suite.

En 1939, alors qu'Escriva rentre dans Madrid avec les premières troupes franquistes, la Croisade a vaincu le communisme, et l'Église est dans le camp du vainqueur.

L'Opus Dei sans la guerre civile n'est pas compréhensible. Dans la première étape de l'Opus Dei qui va depuis le moment où Escriva la fonde jusqu'au milieu des années cinquante, il voulait faire une sorte "d'Action française" mais basée sur la lutte contre les vaincus de la guerre civile. Remplacer les mauvais professeurs, remplacer les nouveaux intellectuels, par ses gens .

Après la guerre, grâce à l'un de ses amis, il pénètre progressivement le milieu universitaire. En 1943 , l'Église réapparaît dans l'école. Désormais, les écoles religieuses vont fleurir après une parenthèse laïque de sept années. Le retour de l'école religieuse va permettre aux disciples d'Escriva d'entamer l'éducation de plusieurs générations de jeunes promis par la suite à un brillant avenir.

Au travers d'autres institutions comme le Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique, l'Opus Dei disposera d'une pépinière de recrutement de jeunes chercheurs, de jeunes professeurs avec un avenir brillant.

L'Opus Dei n'est alors qu'un petit groupe de quelques dizaines d'étudiants et de membres des professions libérales qui vivent plus ou moins secrètement leur appartenance au mouvement. Ils se heurtent à l'establishment religieux attaché aux formes traditionnelles et notamment aux jésuites qui voient en l'Opus Dei un concurrent sur le marché de l'éducation. Cela ira jusqu'à la dénonciation de l'Opus Dei devant les tribunaux franquistes.

À Rome, on s'intéresse beaucoup à l'Espagne. Dès la fin de la guerre civile, Pie XII a adressé ses félicitations à Franco. En ces temps de guerre froide, après 1945, l'Espagne franquiste, est le seul pays a avoir vaincu le communisme et cela au nom de l'Église catholique. Pie XII le voit donc d'un oeil favorable.

Escriva envoie à Rome son fidèle second, Alvaro Del Portillo (futur successeur d'Escriva après la mort de celui-ci), avant de s'y rendre lui-même en 1946. C'est le grand tournant de l'Opus Dei.

Escriva va voir Pie XII et obtient un statut qui qualifie l'Oeuvre d'Institut Séculier, ce qui ne veut pas dire grand chose mais qui permet aux membres laïcs de l'Opus d'appartenir à une structure dépendant de l'Église sans être eux-mêmes des religieux.

En Espagne, la laïcité, ce n'est pas du tout d'actualité. Ici on parle encore de Croisade.Mais la Croisade, aujourd'hui, c'est un concept politique récupéré politiquement par les franquistes pour asseoir leur pouvoir. Et l'Opus Dei prend ses distances.

Malgré tout, en 1957, après un intense débat au sein du mouvement, pour la première fois, un membre de l'Opus Dei rentre dans un gouvernement. C'est un coup de théâtre. Ceux que l'on va appeler les technocrates arrivent au pouvoir.

Cette arrivée est logique, cette génération est bien formée et connaît le monde moderne par opposition aux soudards franquistes incultes dans tous les domaines du gouvernement et bien incapables de gérer une administration complexe. Là, se concrétise la volonté de l'Opus de créer des élites catholiques d' un genre nouveau.

Mais le pouvoir suppose des appuis et Escriva les trouvera auprès d' un proche de Franco, l' amiral Carrero Blanco. Eminence grise de Franco depuis la fin de la guerre, Carrero Blanco est un catholique militant. Il n'appartient pas, pour autant que l'on sache, à l'Opus Dei, mais comme d'autres avant lui, il va lui être bien utile. C'est lui qui va faire rentrer les membres de l'Opus Dei au gouvernement. Le règne des technocrates va durer quinze ans. Quinze ans pendant lesquels l'Espagne va devenir un pays moderne, ouvert sur l'extérieur. Les années d'autarcie d'après-guerre et la période sombre des amitiés nazies et fascistes sont passées.

Escriva qui s'est installé définitivement à Rome va ouvrir lui aussi le monde à son mouvement. Il voyage constamment et envoie ses disciples partout. L'Opus Dei va ouvrir la majeure partie de ses centres à cette époque, et va commencer à recruter sur les cinq continents.

Pourtant à cette époque, l' Opus Dei n'a plus l'oreille du Vatican. Un ancien membre de l'Opus Dei affirme qu'Escriva lui aurait dit : "Le diable est à la tête de l' Église". Ce diable qui est à la tête de l'Église, c'est le Concile Vatican II et le pape, Jean XXIII.

Le statut qu'Escriva cherchait régulièrement à obtenir de Jean XXIII puis de Paul VI, pour asseoir son existence au sein de l'Église, n'a pas été obtenu. Trop nombreuses étaient encore les oppositions au sein de la Curie romaine

A défaut de succès romains, certains membres de l'Opus Dei se consacrent à l' Espagne. Pour finir l'œuvre de modernisation du pays, il faut assurer l'après-Franco c'est-à-dire, pensent-ils, le retour de la monarchie. Il y a deux prétendants Don Juan de Bourbon, soutenu par une faction de l'Opus Dei et Juan Carlos, son fils, soutenu par une autre. Juan Carlos a précisément été éduqué par un certain nombre de membres de l'Opus Dei, notamment Laureano Lopez Rodo qui fut l'un des premiers technocrates au pouvoir.

Après quelques années, Lopez Rodo aidé, de lamiral Carrero Blanco, réussit finalement à persuader le vieux caudillo de faire son choix et nommer en 1969 Juan Carlos héritier de la couronne espagnole restaurée. L'Opus Dei joue la monarchie malgré l'hostilité de la vieille garde franquiste.

En 1975, à la mort de Franco, ce qui était prévu arrive finalement, Juan Carlos devient roi d'Espagne. Le pays devient une démocratie.

Mais à l' autre bout du monde hispanique, en Amérique latine, il en est tout autrement, c'est l'ère des régimes autoritaires et des dictatures militaires. L'image emblématique de ces régimes, c' est le coup d'État militaire du Chili. En 1973 , l'armée renverse, un peu comme en Espagne un régime de Front Populaire. La répression sera effrayante, et c'est le moment que choisit Escriva pour se rendre à Santiago. C'est qu'apparemment il a , là encore, choisit son camp. Il fait des conférences et de l'action pastorale envers les bons catholiques en oubliant les mauvais chiliens qui finissent torturés et assassinés dans les prisons de la Junte. Il ne viendra pas comme en 1932, les visiter en prison et leur conseiller de jouer au football. Mais pour lui ce n'est sans doute pas l'essentiel.

L'essentiel, ce sont ces prélats qui se bousculent ces années-là sous le soleil romain. Il faut donc à l'Opus Dei un statut qui lui garantisse une place originale dans l'Église. Et pour l'obtenir, il faut passer par eux. Escriva en recevra, dit-on, à titre personnel, plus de 1 500. En un mot, il fait du lobbying. Parmi eux, le futur pape Jean-Paul II. Pour la première fois, l'Opus Dei admet, au vu de cette enquête, les contacts anciens noués entre elle et Jean-Paul II .

La mort de Paul VI, suivie de l'intermède de 33 jours de Jean-Paul 1er décédé prématurément, représente pour l'Opus Dei un changement majeur. Les cardinaux souhaitent un pape différent des précédents. Il faut qu'il soit jeune pour durer et en bonne santé pour éviter le sort de son prédécesseur. Il faut surtout qu'il plaise aux représentants des pays du tiers-monde très représentés en cette fin des années 70. Car le tiers-monde est l'un des enjeux majeurs pour l'Église catholique à cette époque. Celui qui symbolise le mieux cette Église nouvelle s'appelle donc Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II, la providence de l'Opus Dei. Là encore, l'Opus Dei admet, pour la première fois, l'attachement de Wojtyla à l'Opus Dei dès avant le conclave.

Escriva ne verra pas tout cela. Il meurt en 1975 et l'œuvre de sa vie sera confiée à son fidèle second, l'un des premiers membres de l'Opus Dei, Alvaro Del Portillo qui en devient le chef.

Jean-Paul II va multiplier les gestes de sympathie à l'égard de l'Opus Dei. En 1979, Portillo écrit au Vatican un texte où l'organisation est définie comme "un corps mobile de fidèles , prêts à un apostolat de pénétration dans les pays où l'église ne peut pas librement intervenir". En d'autre termes, les pays communistes.

Selon un texte clair, l'Opus Dei se présente comme les missionnaires du pape en pays hostile. Le pape accorde donc en 1982 à l'Opus Dei un statut unique, celui de "prélature personnelle", qui met l'Oeuvre directement sous son autorité. Et puis, il va demander à son corps mobile de l'aider.

D'abord, en Amérique Latine où lOpus Dei est puissant et implanté de longue date. C'est là qu'est née une théologie dite de la libération qui oppose conservateurs et progressistes sur l'action concrète au niveau social et politique. Le pape voit dans la Théologie de la Libération un avatar chrétien du communisme. Cela parce que des prêtres s'opposent aux injustices sociales symbolisées par les dictatures. L'Opus Dei est évidemment du côté du pape .

La crise est profonde en Amérique Centrale, notamment au Nicaragua, pays gouverné par des marxistes associés à certains religieux adeptes de la Théologie de la Libération. À Rome, les conservateurs pressent Jean-Paul II d'aller là-bas pour remettre de l'ordre dans la maison. So voyage se passe plutôt bien, excepté au Nicaragua où il humilie publiquement un des prêtres membres du gouvernement et en retour, une foule hostile l' empêche de parler. L' affront est insupportable.

Le Vatican tranche : l Théologie de la Libération est condamnée.

L'acte suivant se joue à Santiago du Chili, à Los Andes, quelque part près de l'avenue Escriva, inaugurée par Pinochet quelques années auparavant. Des théologiens membres de l'Opus Dei rejoignent des prélats et d'autres théologiens ultra-conservateurs. Malgré cela, le pape finit par trouver un compromis acceptable par les différentes parties. Mais l'Opus Dei s' est montrée publiquement.

L'hostilité entre conservateurs et progressistes éclate en Europe. Désormais, c' est l'Opus Dei qui cristallise sur elle toutes les oppositions à l'Église de Jean-Paul II jugée trop autoritaire, réactionnaire et dirigiste, notamment dans les domaines de l'avortement, la contraception, la place des femmes dans l'église et plus généralement les questions de morale.

Ainsi, à Coire, en Suisse, des fidèles hostiles à l'évêque nouvellement nommé, jugé trop conservateur et proche de l'Opus Dei, vont manifester publiquement leur opposition. Ils se couchent par terre en vertu d'un vieux principe qui veut qu'un prêtre empêché ainsi de rentrer dans son église, démissionne. Ce ne sera évidemment pas le cas. Parfois, la contestation atteint un tel niveau que certains prélats ne peuvent plus accéder à leurs églises que protégés par la police.

L'Opus Dei est bien maintenant au centre même de la contestation à Jean-Paul II tant il est vrai que l'Oeuvre apparaît bien comme l'un des éléments essentiels de la stratégie du Vatican.

Pour la première fois, le chef de l'Opus Dei est évêque. Ce n'était le cas ni d'Escriva ni de son successeur Alvaro del Portillo. Jean-Paul II a d'ailleurs nommé plusieurs membres de l'Opus Dei, évêques, particulièrement en Amérique Latine.

Mais qui se sert de qui ?

Est-ce Jean-Paul II qui a besoin d'une garde prétorienne fidèle dans tous ses combats d'abord contre le communisme, puis sur les problèmes de société. Ou, au contraire, est-ce l'Opus Dei qui a besoin d'un protecteur pour pénétrer encore plus avant au sein de l'administration vaticane ?

Il y avait de la part de certains dirigeants de l'Opus Dei la volonté de s'installer à Rome. Et la volonté de s'introduire et de pénétrer dans tous les organismes de la Curie du Vatican. Peut-être l'origine de cette volonté se retrouve t-elle dans le fait des difficultés qu'ils avaient eues dans les années quarante où ils n'étaient pas acceptés, où les jésuites jouaient les premiers rôles et tâchaient de les maintenir dans l' obscurité. Ce qui s'est produit c'est que, paradoxalement et pratiquement en même temps, les jésuites se sont relativement peu à peu retirés de ce rôle prépondérant qu'ils avaient joué dans la Curie de Rome et qu'ils ont été presque substitués par des membres de l'Opus Dei.

Cela veut-il dire que l'Opus Dei a le pouvoir au sein du Vatican ? Sans doute pas encore complètement, mais son poids est désormais très lourd jusqu'au Collège des cardinaux, grands électeurs du prochain pape. Tous ceux qui peuvent prétendre à la charge suprême connaissent l'Opus Dei, sont connus d'elle et doivent compter avec elle.

Une telle présence au sein de l'Église catholique, c'est sans doute cela, la vraie oeuvre d'Escriva de Balaguer, et par là même l'Opus Dei est au centre du combat pour un retour à "l'Ordre Moral" en y développant et soutenant toutes les théories réactionnaires et néo-fascistes.