Faire la part des choses

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Par Stéphane, le 23.12.2011


J'ai connu l'Oeuvre en 1999. A l'époque j'avais 17 ans et je commençais ma vie estudiantine dans une prépa dans une ville où j'ai vécu 2 ans. Mon prof de philo, pour qui j'avais une grande admiration et qui était surnuméraire, animait des cercles de formation pour ses étudiants... hommes. C'est lui qui m'a offert le premier livre de St Josémaria: Chemin.

Issu d'une famille catholique plutôt conservatrice, je suis passé chez les scouts d'Europe. Mon idéal, ma soif de vérité et ma quête spirituelle ont je pense été un terreau favorable pour me laisser séduire par l'esprit de l'Oeuvre (dont je n'avais jamais entendu parlé jusqu'alors). Ce dont je me souviens c'est que, lorsque j'en avais parlé à mes parents (en particulier ma mère), ils m'avaient fortement mis en garde.

À la lecture d'autres témoignages d'anciens membres, je suis abasourdi de ce que l'Oeuvre a pu faire vivre à des tas de gens de bonne volonté. C'est vrai que le mot 'vocation' est un alibi pour assujettir la vie de tant de catholiques soucieux de devenir saints, mais qui empêche dans le même temps de se rapprocher du coeur de Dieu. A se demander même, si l'Opus Dei n'est pas devenu avec le temps une structure.... de péché !

J'ai eu pour ma part un élan pour devenir numéraire, et cette expérience n'a duré que 6 mois... mais ce fut 6 mois de trop ! J'ai vécu pendant cette période à peu près tout ce dont les témoignages parlent, excepté cependant l'oppression de ne pouvoir sortir de l'Oeuvre; mais je pense que c'est normal étant donné que je n'avais pas passé la barrière des 1 an, limite avant l'incorporation. Finalement, ça aura été pour moi salutaire car ça m'a évité bien des problèmes !!

Ma conclusion, c'est qu'il faut faire la part des choses entre les personnes, membres de l'Oeuvre, et l'Institution elle-même avec ses perversions intrinsèques. Je pense que ni St Josémaria, ni aucun membre de l'Oeuvre (tout du moins je l'espère !) n'aient eu cette intention de faire le mal (tout comme Hitler et ses sbires qui pensaient simplement construire un monde nouveau pour un Homme nouveau...). Le propre du Diable est d'agir au nom de la Lumière (sauf qu'il n'est pas la Lumière justement !!!)

Il est clair qu'à l'origine l'Oeuvre s'adresse aux personnes de bonne volonté chez qui se sentent appelés à sanctifier leur vie ordinaire (voilà la vraie vocation de tout baptisé !), comme ce que Vatican II enseigne depuis maintenant 50 ans.

Seulement, entre la sainteté dans la vie ordinaire de St Josémaria et l'amour des petites choses de Ste Thérèse de Lisieux, il y a un fossé béant qu'à mon avis on ne peut pas rapprocher, car l'un amène à Dieu (de la confiance vers l'Amour), pendant que l'autre l'en éloigne (du devoir d'obéissance jusqu'à l'Enfer-me-ment) !!


Cependant, malgré mon regard critique, ce que je dénonce comme pratique dans l'Oeuvre, et la peine que j'ai de voir toutes ces personnes qui détruites par l'Octopus Dei, je reste tout de même attaché à l'esprit de l'Oeuvre et continue à fréquenter les activités de l'Oeuvre à un rythme plus ou moins régulier. Je connais bon nombre de membres de l'Oeuvre avec qui je suis resté ami et en bons termes. Mon confesseur est également encore de l'Oeuvre, et je garde de temps à autre un accompagnement spirituel auprès d'un bon ami Numéraire qui me connaît bien et qui a eu un rôle important dans ma construction pendant une partie de mes études. En d'autres termes, je suis ce que l'Oeuvre appelle un coopérateur, même si je n'ai pas l'impression de coopérer à grand chose, mais plutôt de bénéficier de ce que l'Oeuvre apporte comme moyens de formation.

Je fais la part des choses entre ce qu'il y a de bon à trouver dans l'Oeuvre (formation, ressourcement spirituel, chaleur humaine, amitié...), et ce que mon regard critique et ma liberté de penser me fait dire; par exemple, récemment au cours d'une retraite que j'ai faites à Couvrelles, je suis resté choqué de l'abondance de pratiques de piété qui laissent très peu de temps à un véritable coeur à coeur avec le Seigneur.... Ce n'est pas la première fois que j'observais cela, mais je me sentais plus mûr et plus en confiance pour en parler au prêtre qui prêchait la retraite (je le connais depuis le jour où j'ai connu l'Oeuvre donc je n'apparaissait pas comme un novice), et j'ai été frappé de sa réponse qui ne remettait rien en question: "cette organisation a été bien pensée et elle convient au plus grand nombre des membres de l'Oeuvre; tout le monde n'est pas fait pour être dans l'Oeuvre; il y a l'essentiel dans ce qui est proposé pendant la retraite etc..." N'empêche que, quand on aime quelqu'un, on ne passe pas le voir en coup de vent avant de passer à autre chose, comme par exemple les salut au saint sacrement et les moments d'adoration qui sont littéralement expédiés !! Comme la messe d'ailleurs..., comme si il fallait faire le plus de pratiques pour être un bon catholique... Je pense au contraire que cette boulimie de pratiques éloignent du Coeur de Dieu qui est comme un père auprès de qui on trouve son identité et une mère qui donne l'affection dont on a besoin et la confiance en la vie qui permettent d'avancer et de grandir. Et un enfant a besoin de passer beaucoup de temps avec ses parents pour se construire (dans l'Etre), et ne pas être assujetti à une exigence d'activités (dans le Faire).